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La thèse développe une interprétation critique de l'interprétation eschatologique de l'historicité de la raison proposée par Jean Ladrière. Selon cette théorie, l'historicité de la raison, en sa forme spécifique, est de type eschatologique et doit être rattachée à la structure eschatologique qui préside au devenir de la raison. Dans cette perspective, l'historicité est interprétée à partir du rapport constitutif que la raison entretient à l' eschaton. L'herméneutique eschatologique de la raison affirme que le déterminant du devenir de la raison est un événement ultime située hors de la concrétude historique mais qui détermine néanmoins de manière effective la marche historique de la raison. Cette approche permet de penser spéculativement l'historicité de la raison tout en évitant le piège de la totalisation effective lié aux approches rationalistes et idéalistes classiques. Par ce qu'elle postule une discontinuité radicale entre l'effectivité historique et l' eschaton, elle rend possible une thématisation hors totalisation de l'effectivité historique de la raison comme historicité ouverte; parce qu'elle affirme l'efficacité polarisante et attractive de l'eschaton sur la contemporanéité historique, elle permet de penser cette effectivité comme une événementialité créatrice ouverte sur l'avenir et le « pas encore » historique. La thèse montre la centralité de la notion d'eschatologie de la raison comme le fil d'Ariane de l'oeuvre entière. Après avoir, dans un premier temps, explicité la conception ladrièrienne du devenir de la raison comme autoconstitution de la raison, elle expose les sources philosophiques majeures qui sous-tendent la réflexion de Ladrière sur l'historicité de la raison (Kant, Blondel, Husserl). Un troisième chapitre précise la notion ladrièrienne d'historicité au sens d'un processus événementiel et créateur orienté vers l'avenir. Le quatrième chapitre montre comment la théorie eschatologique prolonge les intuitions de Kant et de Husserl tout en cherchant à les corriger et à les dépasser en remplaçant l'idée de téléologie par celle d'eschatologie. La partie d'exposition se double d'une conclusion critique dans laquelle est ébauchée, sous l'ange d'une critique de la surdétermination théologique présidant à l'élaboration philosophique du concept d' eschaton, une reprise critique de l'entreprise de Ladrière. Il y est suggéré que la thématisation ladrièrienne de l' eschaton ne parvient pas à rendre compte de manière suffisante de l'historicité événementielle affectant le devenir de la raison. |
