L'expérience immigrante de la citoyenneté : parcours d'acculturation citoyenne d'immigrants internationaux établis à Montréal

Autor: Bah, Bélinda
Jazyk: francouzština
Rok vydání: 2022
Předmět:
Druh dokumentu: Diplomová práce
Popis: Dans le contexte de la globalisation, les grandes villes des pays du Nord tendent à attirer des migrants originaires du monde entier. Cette immigration internationale vers des métropoles occidentales suscite des controverses à propos de la citoyenneté. Ceci est une des raisons pour laquelle la citoyenneté doit être pensée non seulement comme un statut juridique, mais également comme un construit culturel. Dans la littérature socio-anthropologique contemporaine, cette « citoyenneté culturelle » est parfois analysée à travers l’étude de l’engagement d’individus dans des actions collectives menées dans un objectif ou un idéal de justice sociale plus ou moins explicite. En ce qui concerne des individus immigrants, au-delà de cette dimension participative, les écrits traitant d’une citoyenneté construite se focalisent sur l’enjeu du développement d’un sentiment d’appartenance à la communauté d’accueil. Cette orientation répond à des préoccupations sociales quant à l’intégration des immigrants et sa traduction en pratiques concrètes. Au sein de pays occidentaux pour lesquels une citoyenneté dite moderne constitue une institution centrale, il existe alors un intérêt particulier à comprendre comment l’ « identité citoyenne » des immigrants évolue, surtout dans les grandes villes où ils se concentrent, des villes globales. C’est dans ce cadre que nous avons voulu étudier la (trans)formation de l’identité citoyenne de personnes pour lesquelles ce processus pourrait être plus problématique que pour d’autres : les immigrants internationaux. Nous avons désigné ce processus comme celui de l’ « acculturation citoyenne ». Nous nous sommes appuyés sur les cadres théoriques d’une sociologie relationnelle et d’une sociologie de l’individu pour formuler l’hypothèse que le processus d’acculturation citoyenne des immigrants internationaux est déterminé par les épreuves vécues générées par le contexte institutionnel de leur lieu d’accueil – un « régime de citoyenneté » local – et par l’ensemble des acteurs significatifs au contact desquels ils réalisent leur action citoyenne – leur « réseau de participation citoyenne ». Nous avons ensuite choisi de réaliser une analyse typologique afin d’identifier des parcours-types d’acculturation citoyenne et d’en préciser la dynamique. Les données collectées auprès de 31 immigrants internationaux établis dans la ville globale occidentale de Montréal ont fait émerger quatre parcours-types d’acculturation citoyenne (un nombre non exhaustif puisque limité par notre échantillon de répondants) : i) l’expérience positive d’un parcours d’adaptation qui voit l’immigrant s’impliquer aussi bien auprès de communautés citoyennes liées à ses origines qu’à son nouveau lieu de vie ; ii) l’expérience positive d’un parcours de projection locale dans le cadre duquel l’immigrant s’est attaché à la communauté citoyenne de son lieu d’accueil, dissociant ses origines culturelles ou ethniques et son action citoyenne ; iii) l’expérience positive du parcours d’individualisation d’un immigrant dont la pratique citoyenne se réalise sans sentiment d’appartenance communautaire fort et ; iv) l’expérience négative d’un parcours de repli à travers lequel l’immigrant ne parvient pas à se sentir citoyen à part entière au sein de la communauté de son lieu d’accueil, et parallèlement, ne trouve pas de réconfort existentiel au sein d’une hypothétique communauté citoyenne d’origine. Nos analyses confirment les rôles des épreuves vécues dans le lieu d’accueil et du réseau de participation citoyenne dans la transformation de l’identité citoyenne de nos répondants. De plus, nous pouvons nuancer le rapport entre ces deux rôles, en fonction du poids respectif de chacun dans les divers parcours d’acculturation citoyenne : ce rapport se mesure selon une logique inverse, un rôle important des épreuves atténuant le rôle du réseau et vice-versa.
In the context of globalisation, large cities of the North tend to attract migrants from all over the world. This international migration to Western metropolises has given rise to controversies over citizenship. This is one reason why citizenship must be thought of not only in terms of legal status, but also as a cultural construct. In recent socio-anthropological literature, the concept of “cultural citizenship” has sometimes been examined through the study of individuals’ engagement in collective action carried out with a more or less explicit objective or ideal of social justice. As this relates to immigrants, apart from this participatory dimension, the literature on the construction of citizenship has focused on the development of a sense of belonging to a host community. This focus is attentive to social concerns regarding the integration of immigrants and how this process translates into actual practices. In Western countries, where modern citizenship is a central institution, there is a particular interest in understanding how the “civic identity” of immigrants evolves, especially in large, global cities where immigrants are concentrated. This social and scientific background supports our intention to study the (trans)formation of civic identity among those for whom this process can be more problematic than for others: international immigrants. We refer to this process as “civic acculturation.” Our research falls within the theoretical frameworks of a relational sociology and of a sociology of the individual. It begins with the hypothesis that the civic acculturation of international immigrants is determined by ordeals generated through the institutional context of where they settle—a particular local “citizenship regime”—and by the set of significant actors in contact with whom immigrants carry out their civic action—their “civic participation network.” We have then chosen to implement a typological analysis to identify certain typical pathways of civic acculturation and to delineate their dynamics. The data collected from 31 international immigrants living in the Western global city of Montreal demonstrates four typical pathways of civic acculturation (which do not exhaust all possible paths, due to the limits of our sample of respondents) : i) the positive experiences of an adaptation pathway, where immigrants become involved with civic communities linked to both their origins and new home; ii) the positive experiences of a local projection pathway, where immigrants become attached to the civic community in which they settle, dissociating their civic action there from their cultural or ethnic origins; iii) the positive experiences of an individualisation pathway, where immigrants participate in civic practices without a strong sense of belonging to a particular community; and iv) the negative experiences of a withdrawal pathway, where immigrants are unable to feel like full citizens of the communities in which they settle, while at the same time failing to find existential comfort in a hypothetical civic community of origin. Our analyzes confirm the role of social challenges or “ordeals” experienced by immigrants in their host communities and the role of a civic participation network in the transformation of the civic identity of our respondents. Moreover, we found that their respective prominence in the various paths to civic acculturation is inversely related: where ordeals play an important role, they mitigate the role of participation in civic networks, and vice versa.
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