La perception des conséquences du décrochage scolaire du point de vue des jeunes

Autor: Bourgeois, Jacynthe
Jazyk: francouzština
Rok vydání: 2017
Předmět:
Druh dokumentu: Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation
Popis: Au Québec, entre 2002-2003 et 2012-2013, le taux de sortie sans diplôme ni qualification en formation générale des jeunes aurait atteint une diminution de 6,9 points. Alors qu’il se situait à 22,2 % une décennie plus tôt, ce taux s’établissait à 15,3 % en 2012-2013 (MÉLS, 2014). Malgré cette diminution appréciable du taux annuel de décrochage, l’abandon des études avant l’obtention d’un diplôme d’études secondaires ou d’une qualification équivalente continue d’être une préoccupation importante dans le monde scolaire en raison des conséquences qui en émanent (MÉES, 2015). Qu’elles soient liées au jeune qualifié de décrocheur ou à la société, les études portant sur les conséquences s’attardent principalement aux problèmes économiques (participation moins active à la société de production), sanitaires (développement plus fréquent de problèmes physiques et de santé mentale) et sociaux (adaptation sociale déficitaire et déviance) qui découlent du décrochage scolaire (Janosz, 2000; Blaya, 2010). Le phénomène du décrochage scolaire est aussi étudié en fonction des normes transgressées. Qu’il soit question de la description typologique des jeunes à risque de décrocher, de l’étude des facteurs de risque de quitter prématurément l’école ou de l’institutionnalisation du discours sur le phénomène, le décrochage scolaire est analysé comme un geste inapproprié posé par un jeune qui ne répond pas positivement aux conventions sociales (Bernard, 2011). Le jeune ayant quitté prématurément l’école se retrouve ainsi automatiquement placé en situation de déviance par rapport à une norme qui valorise la diplomation et la poursuite des études. Les données statistiques et les écrits sur les conséquences liées au décrochage scolaire ou sur la déviance ne nous permettent cependant pas d’accéder au point de vue du jeune qualifié de décrocheur. C’est en raison de cette lacune que ce présent mémoire a sollicité la participation de jeunes ayant quitté prématurément l’école secondaire afin qu’ils se livrent sur leur expérience. En prenant appui sur l’interactionnisme symbolique, ce mémoire tente de comprendre comment est vécue la situation de décrochage scolaire en fonction de l’analyse que les participants font de leur expérience. Huit jeunes ont ainsi été invités à raconter, lors d’un entretien individuel de type « récit de vie », leurs perceptions quant à la situation de décrochage qui leur est attribuée et quant aux conséquences qu’ils en dégagent. L’analyse des différents discours a permis de faire ressortir que les participants ont rencontré de nombreuses adversités en amont de leur fréquentation scolaire qui ont créé des besoins spécifiques chez eux. Une inadéquation sévère entre leurs besoins personnels et ceux de l’institution scolaire serait un des éléments déclencheurs de l’arrêt prématuré de leurs études. Une inadéquation qui les exclut du système scolaire et qui les pousse à rejeter l’école à force d’y vivre des situations insupportables. Leurs besoins n’atteignant pas les objectifs fixés par l’école, les jeunes ont perdu l’espoir de trouver un sens à leurs études. Aujourd’hui, les participants à cette étude prennent conscience des conséquences qu’ils ont vécues ou qu’ils continuent de vivre depuis leur sortie de l’école. Ils rencontreraient des lacunes sur le savoir et le savoir-faire, auraient accumulé un déficit de motivation, présenteraient une faible estime de soi, vivraient des situations de stigmatisation et de marginalisation, éprouveraient des difficultés d’intégration sociale et socioprofessionnelle et auraient développé un manque de confiance en l’avenir.
In Quebec, between 2002-2003 and 2012-2013, the rate of teenagers leaving high school without the full completion of the general program has dropped by 6.9 points. Presenting itself to be 22.2% a decade ago, it stood at 15.3% in 2012-2013 (MÉLS, 2014). Despite a considerable decrease in the annual dropout rate, this phenomenon remains an important preoccupation in education because of its numerous consequences for the teenager and society (MÉES, 2015). Studies on this matter have identified consequences on several levels, being economical (less active in society’s production), sanitary (more frequent development of physical and mental health problems) and social (poor social adaptation and deviance) (Blaya, 2010; Janosz, 2000). The phenomenon of early school leaving is also studied as a transgression of social norms. Wether it’s studies on the typological description of at risk youth, the risk factors of dropping out or the institutionalized speech on the matter, from this point of view, dropping out is analysed as an inacceptable response to social conventions (Bernard, 2011). Therefore, the teenager who quits school prematurely is automatically considered a deviant since his actions have disobeyed social norms. Many studies on the consequences of this phenomenon as well as it’s statistical data are present in the literature, but unfortunately, the point of view of teenagers labeled as dropouts is not brought forward. In light of this observation, this thesis solicited the participation of teenagers who left high school prematurely to offer them the space to describe their experience. Based on symbolic interactionism, this thesis tries to understand the experience of dropping out according to the teenager’s point of view. In an individual interview using a life narrative method, eight teenagers were invited to deliver their perception on the dropout label which they were attributed and the consequences that resulted. The analysis of the participant’s narratives highlight the numerous adversities they went through during their school years and the individualized needs that resulted. Their narratives show the severe inadequate response by the school institution to their individual needs as a trigger to their premature leave. Living through frequent unbearable situations due to this inadequate response pushed them to be excluded from the school system and to reject school. Unfortunately, the participant's needs were not part of the school’s fixed objectives leaving them to lose hope in finding a sense to their schooling. The participants of this study now realise the consequences they have lived and live to this day since they quit school. They present shortcomings in their knowledge, an accumulated lack of motivation, poor self-esteem, situations of stigmatisation and marginalisation, difficulties integrating socially and professionally and finally, they have developed a lack of confidence in what their future holds.
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