La place et le rôle du romanesque dans la poétique d'Émile Zola
Autor: | Ndiaye, Assane Faye |
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Jazyk: | francouzština |
Rok vydání: | 2015 |
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Druh dokumentu: | Text |
Popis: | Les Rougon-Macquart, immense composition littéraire, comportant vingt romans, est le témoignage le plus saillant de la poétique zolienne du récit. Cette poétique trouve son fondement dans les principes directeurs du Naturalisme qu'Émile Zola, maître à penser de ce courant, a élaborés dans ses différents écrits, comme théoricien et comme critique littéraire. Parmi les caractéristiques que Zola attribue au récit naturaliste se trouve un refus du recours au « romanesque » dans la poétique de l'œuvre. L'adjectif « romanesque », certes, est forgé sur le radical de « roman ». Mais, pris sous sa forme substantive, le romanesque entretient avec le genre du roman des relations complexes ainsi que l'a montré, par exemple, Jean-Marie Schaeffer. Il convient de rappeler, avec lui, l'origine linguistique du terme et ses évolutions, ainsi que le glissement sémantique qui propulse la notion hors de son contexte littéraire. Pour cerner cette notion, il n'est pas inutile de la replacer, comme il le fait, dans un contexte anglo-saxon : car l'anglais, on peut le souligner, distingue entre romance, que l'on peut traduire en français par « roman romanesque », et novel, qui est l'équivalent de « roman à visée réaliste ». « Romanesque » possède, ainsi, une double signification : il désigne ce qui est relatif au roman en tant que genre, mais aussi ce qui est propre au roman comme romance. En ce sens, il est devenu, au fil des siècles, péjoratif : il renvoie en effet à une peinture de passions idylliques, conduites à leurs extrêmes, jusqu'à frôler l'invraisemblable. On peut ainsi comprendre que des théoriciens du roman, notamment au XIXe siècle – moment où le genre aspire au sérieux et développe des esthétiques réalistes – s'en prennent à quelques-uns de leurs prédécesseurs, leur tenant grief de ne pas assez peindre la réalité des choses, de proposer une représentation idéalisée de la vie, dans laquelle le bon triomphe du mauvais, les nobles sentiments prévalent sur les mauvaises pensées et où la représentation des passions atteint des proportions incommensurables.Ainsi, si nous convoquons les principes du Naturalisme appliqués dans la poétique du récit de Zola, nous nous rendons compte que le romanesque, dans sa conception thématique, (on entend par là la peinture idyllique des passions et du monde) et non générique, est écarté dès les prémices du courant. Zola fustige en effet le comportement de ses contemporains et de ses prédécesseurs à qui il reproche de perdre le lecteur dans des rêves puérils, dans une peinture trop abstraite de la vie. Le XIXe siècle, qui a vu l'affirmation de la science et de ses méthodes, a conduit Zola à une nette rupture avec les poétiques antérieures du roman. Il ressort, dès cet instant, que Zola ne veut plus faire dans les récits qui ont bercé son adolescence ; il entend se démarquer de ces fantômes du rêve, de ces romans des dieux et des héros, personnages d'une aspiration irréalisable parce que trop abstraite. Son dessein avoué, il s'arme de la science et de ses méthodes d'analyse pour aller à conquête d'une représentation juste et véridique de la réalité dans l'œuvre littéraire, le roman en l'occurrence. Et puisque, en outre, « le romanesque » est marqué par une axiologisation négative très forte dans sa signification non littéraire et dans laquelle émergent « des connotations de sentimentalité, de sensiblerie, voire de kitch », il se voit automatiquement disqualifié par la conception zolienne du roman.On peut néanmoins s'interroger sur la réalité de l'éviction du romanesque dans le récit et la fiction zoliennes. Peut-on imaginer une poétique du roman qui parvienne à se dégager totalement des schémas et d'une topique constitutifs d'un genre à ses origines, et véhiculés par une tradition séculaire ? Le romanesque ne fait-il pas retour dans l'œuvre de Zola ? Ce sont ces écarts qui se font jour entre la poétique réelle de l'œuvre et les déclarations théoriques de l'auteur que nous avons étudiés dans cette thèse. Les Rougon-Macquart, a huge literary composition containing twenty novels, is in many respects the most prominent testimony of Zola's poetic narrative. This poetics is grounded on the guiding principles of Naturalism that Emile Zola, prominent leader of this movement has developed in his various writings, as literary theoretician and critic. Among the features that Zola attributed to the naturalist story is the refusal to use "romance" in the poetics of his work. The adjective “novelistic" certainly derived from the radical of "novel". But taken in its noun form, romance has to do with the genre of the novel and the complex relationships as demonstrated by Jean-Marie Schaeffer for instance. It is worth recalling with this one the linguistic origin of the term and its evolution, and the semantic shift that propels the notion out of its literary context. To understand this concept, it is useful to replace it, as it does in an Anglo-Saxon context. Because, in English, one can distinguish between romance, which can be translated into French by "roman romanesque", and novel, which is the equivalent of "novel that has a realistic target." "Romance" has thus a double meaning: it refers to what relates to the novel as a genre, but also what is unique to the novel as romance. In this sense, it has become, over the centuries, pejorative: it indeed refers to a painting of idyllic passions, led to their extremes to graze the improbable. One can thus understand that the theoreticians of the novel, especially in the nineteenth century - the time when the genre aspired seriously and developed realistic aesthetics - are attacking some of their predecessors for not giving a realistic picture of things, to provide an idealized representation of life in which good triumphs over evil, the noble sentiments prevail over evil thoughts and where the representation of passions reached immeasurable proportions.Thus, if we refer to the principles of Naturalism applied in the poetics of Zola's story, we realize that the romance in its thematic design (through that by which we mean the idyllic painting of passions and the world) and not generic, is aside from the beginnings of the current. Zola criticizes indeed the behavior of his contemporaries and his predecessors whom he accuses of misleading the reader in childish dreams, in a too abstract painting of life. The nineteenth century, which saw the affirmation of science and its methods, Zola led to a sharp break with the past poetic novel. It is clear from that moment that Zola does not want to do the same in the stories that have rocked his adolescence; he intends to stand out from the ghosts of dreams, the novels of gods and heroes, characters of an unattainable aspiration because they are too abstract. For this avowed purpose, he is armed with science and its methods of analysis to conquer a fair and truthful representation of reality in the literary work, the novel in this case. Thus, since the "romance" is marked by a very strong negative axiologisation in its non-literary meaning and in which emerging "connotations of sentimentality or kitsch", it is then automatically disqualified by Zola's concept of the novel.Nevertheless, one can ponder over the reality of the ouster of romance in the story and in Zola's fiction. Can you imagine a poetic novel that manages to completely break with the usual schemes and the constituents of a genre to its origins, and conveyed by a secular tradition? It is interesting to wonder whether the romance is taken back into the work of Zola or not? It is these differences that have emerged between the actual poetics of the work and the theoretical statements of the author that we have studied in this thesis. |
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