DcEx-1 : typologie et distribution spatiale du matériel archéologique historique sur le site de l'ancien poste de traite français de Métabetchouan

Autor: Tremblay, Marilyn
Jazyk: francouzština
Rok vydání: 2012
Druh dokumentu: Thèse ou mémoire de l'UQAC<br />NonPeerReviewed
Popis: L'histoire de la Nouvelle-France est souvent racontée comme une immense fresque parsemée d'explorateurs et d'aventuriers téméraires mise en scène dans un décor de grands espaces vierges aussi magnifiques que dangereux. Plus terre-à-terre, mais non moins essentielle, cette histoire est aussi celle de ses premiers pionniers et de ses premiers artisans économiques, venus en Amérique du Nord pour un nouveau départ ou pour y faire fortune. C'est sur cette base qu'allait se bâtir le travail de la traite organisée, une pratique amorcée dès les premiers arrivants européens et qui allait connaître un important développement. Appuyé sur l'abondance de sa ressource première, le commerce de la fourrure put s'implanter sur le territoire, permettant à de nombreux Français d'en vivre et de s'enfoncer plus profondément dans les terres. Plus particulièrement, le travail dans les postes de traite du Domaine du Roy allait ici attirer notre attention. Amorcée dans le dernier quart du XVIIe siècle, la fondation de ces postes français allait créer un réseau de communication commerciale à l'intérieur du territoire du Saguenay- Lac-Saint-Jean. Le choix s'est porté sur le poste français érigé à l'embouchure de la rivière Métabetchouane au Lac-Saint-Jean, un poste secondaire construit en 1676. Ce poste est aussi connu sous le nom de poste de Métabetchouan, de poste du Lac (ici Lac-Saint-Jean) et de mission jésuites Saint-Charles (car sous le patronage de Saint-Charles de Borromé). Peu documenté pour ce qui est de sa période d'occupation française, il appartenait au réseau de traite qui fournissait en pelleteries le poste entrepôt de Chicoutimi. Sa période d'activité fut assez courte, soit de 1676 jusqu'en 1702 (des traces de relances sont perceptibles jusqu'en 1708, mais 1702 semble bien marquer la fin d'une présence à Métabetchouan). Pendant cet intervalle, le poste, et ses dépendances abritèrent quelques traiteurs français, population mouvante et changeante attirée par le commerce des fourrures qu'elle pouvait effectuer avec les membres des Premières Nations. Le site servait également de lieu de mission pour les Pères Jésuites qui venaient y célébrer messes, baptêmes, mariages et obsèques. Dans le Deuxième Registre de Tadot/ssac, fidèle bible des Jésuites, la dernière entrée missionnaire effectuée au poste de Métabetchouan est inscrite en 1702. Pourtant, les hivernements au poste par les Jésuites semblent avoir cessé depuis 1697 (année du dernier), ce qui pourrait signifier que les missionnaires n'effectuaient plus que des visites d'été après cette date. L'année 1697 semble aussi marquer la fin des hivernements pour les traiteurs, bien que des traces d'activités économiques soient présentes dans les archives jusqu'en 1702 et d'autres pour la relance du site jusqu'en 1708. Par la suite, le site allait lentement sombrer dans l'oubli, les vestiges étant observés et décrits par l'arpenteur Joseph- Laurent Normandin en 1732. Le lieu allait pourtant renaître économiquement parlant sous le Régime anglais, au début du XIXe siècle. La dernière entité à détenir le bail de la traite de Métabetchouan fut la Compagnie de la Baie d'Hudson, qui le conserva de 1831 jusqu'à sa fermeture définitive en 1880. Nous savons donc peu de choses sur l'établissement français situé à Métabetchouan, à commencer par sa localisation exacte sur les berges. En effet, si le poste des Anglais était assurément situé sur la berge orientale de la rivière Métabetchouane (photographie a l'appui), celui dirigé par les Français laisse perplexe quant à son emplacement sur la rive est ou ouest. En 2001 cependant, la découverte d'une âtre de cheminée sur la rive ouest allait enfin lancer une piste valable à l'hypothèse du poste français situé de ce côté en particulier. C'est autour de cette nouvelle découverte archéologique qu'a pu se développer la problématique de ce mémoire, à savoir était-il possible de localiser non seulement les fondations du poste de 1676 mais aussi certaines zones d'activités connexes par un exercice de distribution spatiale horizontale et verticale du matériel historique de DcEx-1 sur le site de cette dalle? Un échantillonnage d'artefacts historiques provenant du site de fouilles de Métabetchouan (DcEx-1), tous collectés entre 1986 et 2002 a tout d'abord été sélectionné. Il s'agissait ensuite d'en faire une révision typologique, dans le but de les séparer par groupes d'objets à distribuer. L'analyse typologique a permis de faire des distributions plus précises avec certains artefacts, entre autres avec les clous. L'ensemble des clous forgés a pu ainsi nous fournir de précieuses informations sur l'emplacement possible des bâtiments anciens, plus précis que la simple distribution des clous sans distinction de type. Après cette analyse, les distributions de tous les groupes d'artefacts ont été produites sur une série d'exemplaires de la carte regroupant les zones de fouilles sur DcEx-1 depuis 1986 à 2002, incluant la localisation à l'échelle de la dalle de cheminée découverte en 2001. Cette opération s'est effectuée en deux temps : une première série de distributions horizontales puis une autre série de distributions verticales. Ces dernières sont faites en fonction de couches stratigraphiques bien particulières, soit celles ayant été identifiées comme étant reliées au XVIIe siècle de par les artefacts qui s'y trouvent. Si les distributions horizontales ont conduits à quelques pistes intéressantes, celles verticales ont non seulement confirmé les premières pistes, mais elles ont aussi suggéré de nouvelles idées. Le but était donc de tenter de localiser le poste de traite français sur la rive ouest, et de voir si des zones d'activités pouvaient être identifiées. Les objectifs sont en partie remplis, puisqu'à la lumière des résultats apportés par les distributions, la localisation d'un bâtiment français datant de la fin du XVIIe siècle parait démontrée sur DcEx-1, soit sur la rive ouest. En effet, les distributions indiquent une répartition intéressante du matériel historique relié au XVIIe siècle autour de la dalle de cheminée découverte en 2001, elle-même située dans une couche stratigraphique apparemment reliée aux niveaux du XVIIe siècle. De plus, les résultats de distributions semblent indiquer l'emplacement de deux zones d'activités sur le site : une zone près du dallage qui pourrait bien correspondre à l'intérieur du bâtiment français et une autre zone plus au sud du site, associée soit à un secteur d'activités tenues à l'extérieur ou bien, à l'emplacement d'un petit bâtiment d'entreposage de matériel, ce qui semble moins certain mais possible. Ce qu'indiquent vraiment ces distributions, en association avec l'âtre de pierre de 2001, c'est la présence française sur la rive ouest de la rivière Métabetchouan au XVIIe siècle, présence reliée aux activités de la traite des fourrures.
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