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Ce mémoire de recherche explore la capacité d'un commun urbain à instituer un imaginaire contestataire et à transformer son espace social et urbain immédiat, en se concentrant sur le cas spécifique du Bâtiment 7 à Pointe-Saint-Charles, Montréal. Depuis deux décennies, la communauté de Pointe-Saint-Charles est confrontée à une production prédatrice de son espace urbain, source d'embourgeoisement dans le quartier et concourant à la perte de son identité historique. En réponse à cette crise, divers organismes et citoyens, dont le collectif libertaire La Pointe Libertaire, se mobilisent, appelant à la lutte pour la réappropriation populaire des espaces urbains de Pointe-Saint-Charles. Ce mouvement a eu pour résultat la création du Bâtiment 7. Ce dernier incarne aujourd'hui l'une des institutions de commun urbain les plus abouties au Québec. Cette ancienne usine industrielle a été reconvertie en espace multifonctionnel visant à promouvoir l'autonomie collective et la résilience socioécologique de la communauté. Mobilisant les approches des communs et de l'autogestion, le Collectif 7 à Nous - Bâtiment 7 vise donc à se réapproprier et à transformer collectivement leur quartier, en offrant une variété d'activités et de services dans les domaines de l'alimentation, de la culture, des loisirs et de l'éducation. La recherche s'appuie sur un cadre théorique combinant les travaux de Cornelius Castoriadis sur l'institution imaginaire des sociétés, ceux de Pierre Dardot et Christian Laval sur les praxis instituantes du commun, et enfin ceux d'Henri Lefebvre sur la production de l'espace social. Elle propose deux hypothèses principales : d'une part, que les communs urbains peuvent instituer un imaginaire contestataire émancipateur, et d'autre part, qu'ils renforcent le pouvoir politique des individus et de la communauté pour transformer leur espace urbain. Le commun urbain Bâtiment 7 apparaît alors comme une institution autonome influente dans l'aménagement de l'espace urbain du quartier et au-delà. La méthodologie adoptée repose principalement sur une analyse de contenu des données existantes, provenant de diverses sources telles que des publications académiques, des documents institutionnels et des contributions individuelles. Bien que cette approche comporte des limites, elle permet néanmoins de fournir un éclairage approfondi sur le cas d'étude du Bâtiment 7. Le mémoire est structuré en quatre chapitres. Le premier offre une revue de la littérature sur les communs urbains, mettant en évidence leur rôle dans la création d'imaginaires alternatifs face à l'hégémonie néolibérale dans un contexte urbain. Le deuxième chapitre développe le cadre théorique de la recherche, en explorant les concepts d'institution imaginaire, de praxis instituantes du commun et de production de l'espace social. Le troisième chapitre expose la méthodologie utilisée, tandis que le quatrième, analyse en profondeur le cas du Bâtiment 7, mettant en lumière son rôle dans l'institution d'un imaginaire contestataire et dans la transformation de l'espace urbain de Pointe-Saint-Charles. En conclusion, cette recherche souligne l'importance des communs urbains comme moteurs de changement social et urbain, offrant un modèle alternatif de gouvernance et de développement urbain plus inclusif, équitable et résilient. |