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Cette thèse de doctorat porte sur l'examen des facteurs associés à la violence subie dans les relations amoureuses des filles. Plusieurs études ont démontré que les filles qui manifestent davantage de problèmes de comportement durant l'enfance et/ou l'adolescence sont plus à risque d'être victimes de violence dans leurs relations amoureuses. Or, ces études n'ont pas examiné cette relation à l'intérieur d'un cadre développemental et contextuel. De plus, très peu d'entre elles ont évalué l'influence de ces problèmes comportementaux sur la continuité des expériences de victimisation de l'adolescence à l'émergence de l'âge adulte. Cette thèse s'est intéressée à la contribution de ces difficultés comportementales ainsi qu'aux facteurs contextuels pouvant y être associés (association avec des pairs déviants et supervision parentale) pour prédire la victimisation dans les relations amoureuses des filles à l'adolescence, et les trajectoires de victimisation de l'adolescence au début de l'âge adulte. Les participantes de l'étude ont été recrutées alors qu'elles étaient en maternelle dans le cadre d'un vaste projet de recherche longitudinal intitulé « l'Étude longitudinale des enfants de maternelle au Québec (ÉLEMQ) ». Les participantes ont été suivies pendant plus de 15 ans et ont été interrogées à l'âge de 15 et 21 ans en lien avec leurs expériences de victimisation vécues dans les relations amoureuses. La thèse comporte deux articles empiriques; le premier article porte sur la violence subie à l'adolescence, tandis que le second examine les patrons longitudinaux de victimisation. Dans le premier article, la valeur prédictive d'un modèle médiateur inspiré des théories des activités routinières et des styles de vie (« lifestyles and routine activities theories ») a été examinée auprès d'un échantillon de 550 adolescentes. Le modèle postule que l'adoption d'un style de vie à risque (c.-à-d., comportements sexuels à risque, consommation problématique de substances psychotropes et délinquance) médiatise la relation entre l'association avec des pairs déviants et la violence subie dans les relations amoureuses des adolescentes. Des analyses de régression logistique hiérarchique ont été utilisées et ont considéré les problèmes de comportement à l'enfance ainsi que la supervision parentale à l'adolescence. Les résultats ont démontré que la relation entre l'association avec des pairs déviants et la violence subie dans les relations amoureuses pouvait effectivement être expliquée, du moins partiellement pour la violence psychologique et complètement pour la violence physique/sexuelle, par l'adoption chez les filles d'un style de vie à risque. Dans le deuxième article, deux objectifs principaux étaient visés. Le premier objectif consistait à documenter la prévalence des patrons longitudinaux de violence subie dans les relations amoureuses des filles. Les expériences de victimisation rapportées par les filles à l'âge de 15 ans et 21 ans ont été utilisées et les jeunes femmes (N = 435) ont été regroupées en quatre catégories : « n'a pas été victimisée », « a été victimisée exclusivement à l'adolescence », « a été victimisée exclusivement au début de l'âge adulte» et « a été revictimisée ». Les résultats ont révélé que 18,4% des filles ont vécu de la violence psychologique et 14,3% de la violence physique/sexuelle exclusivement à l'adolescence, 26,4% de la violence psychologique et 12,6% de la violence physique/sexuelle exclusivement au début de l'âge adulte, et un nombre considérable de filles ont été revictimisées (violence psychologique = 9,4% et violence physique/sexuelle = 2,5%). Le deuxième objectif était d'examiner la contribution respective des problèmes de comportement dans l'enfance ainsi que l'adoption d'un style de vie à risque à l'adolescence pour prédire les patrons longitudinaux de victimisation. Des analyses de régression logistique multinomiale ont été utilisées et la catégorie « n'a pas été victimisée » a servi de groupe de référence. Les résultats ont indiqué, en considérant l'association avec des pairs déviants et la supervision parentale à l'adolescence, que les problèmes de comportement dans l'enfance ainsi que l'adoption d'un style de vie à risque à l'adolescence étaient associés à des probabilités plus élevées pour les filles d'être victimes de violence (psychologique et/ou physique/sexuelle) à l'adolescence ou au début de l'âge adulte, ou encore d'être revictimisées. En conclusion, les résultats de cette thèse comportent des implications pratiques importantes au plan des initiatives de prévention de la violence dans le contexte des relations amoureuses. En effet, ils suggèrent la pertinence de prévenir et traiter, d'une part, les problèmes de comportement émergeant dans l'enfance et, d'autre part, l'adoption d'un style de vie à risque à l'adolescence simultanément avec la victimisation. Enfin, puisque l'affiliation avec des pairs déviants s'est révélée associée à l'adoption d'un style de vie à risque et, par conséquent, à un risque accru de victimisation dans les relations amoureuses, les groupes d'adolescents plus déviants pourraient constituer une population cible auprès de laquelle implanter des mesures préventives de la violence. ___ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : violence, relations amoureuses, adolescentes, jeunes femmes, longitudinal |