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Le présent mémoire traite de la représentation occidentale de la cruauté dans l'art contemporain chinois. Cet art extrême est apparu vers la fin des années 1990 sur la scène artistique chinoise. Une grande part des pratiques extrêmes des artistes chinois a été introduite en Occident au début des années 2000, suscitant de vives réactions. Trois expositions européennes constituent notre corpus de recherche: l'exposition Hors Limites en 1994, la 5e Biennale d'art contemporain de Lyon en 2000, et l'exposition Mahjong en 2005 à Berne (Suisse). Dans les trois expositions, la mise en scène de la cruauté par les artistes chinois a suscité débats et controverses, et dans certains cas, l'intervention des tribunaux. Les oeuvres litigieuses chinoises ont toutes été censurées: soit interdites d'exposition, soit remplacées par des photographies. Notre problématique porte sur le «déséquilibre implicite» (Sally Price) qui caractérise le traitement et la représentation de l'art contemporain chinois dans les expositions occidentales. Alors que les pratiques extrêmes occidentales (actionnisme viennois, body art...) font l'objet de controverses essentiellement esthétiques, on assiste à un glissement du registre esthétique au registre juridique lorsqu'il s'agit de l'art contemporain extrême chinois. En effet, les oeuvres chinoises ne semblent pas, à l'instar des oeuvres occidentales, jouir de la même autonomie artistique et leur sort ne dépend pas des commissaires et des critiques mais plutôt des avocats et des juges. Ce traitement juridique des oeuvres litigieuses chinoises renverse les principes esthétiques que l'Occident a établi depuis le XIXe siècle: la liberté artistique, l'autonomie de l'oeuvre, la possible transgression de la mimésis. L'universalité de la notion d'art se heurte ici au caractère prétendument extraordinaire de la culture chinoise. En fait, ces cas de censure révèlent les fantasmes que l'Occident n'a cessés de nourrir au cours de son histoire sur la Chine, et sur le lien consubstantiel que la culture chinoise entretiendrait avec la cruauté. ___ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Art contemporain chinois, Art et cruauté, Art et censure, Huang Yong-ping, Xiao Yu, « Groupe Cadavre». |