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Depuis une dizaine d’année, des jeunes (surtout des femmes) racontent la fin de leur adolescence et leur entrée dans la vie adulte, sous la forme de récits à épisodes postés au fil des jours sur les réseaux sociaux. Un lectorat s’est constitué autour de ces écrits qui peuvent rassembler plusieurs (dizaines de) milliers d’abonné-e-s. Ces textes constituent donc un « espace littéraire », identifiable sur la toile et repérable grâce au nom de « chroniques ». Cet article revient sur les questions méthodologiques que pose la constitution et l’étude d’un corpus à travers le prisme de la notion de « genre discursif ». Pour étudier cette pratique discursive naissante, ancrée dans les réseaux sociaux, et délimitant une communauté d’autrices/auteurs et de lectrices/lecteurs, très active, nous avons inclus au corpus les métadiscours que suscite cette pratique. La constitution de ce corpus « bi-face » nous conduit à mobiliser et à interroger la distinction émique/étique en analyse du discours. C’est dans cette double perspective étique/émique que le corpus est ensuite exploré. L’approche par le « genre » nous permet d’envisager certains jeux de parenté, voire de filiation avec d’autres pratiques discursives dont on peut faire l’hypothèse qu’elles constituent une forme d’interdiscours des chroniques. En reprenant le corpus à travers différentes catégories d’analyse classiquement définies en analyse du discours (développement thématique, structure compositionnelle, ancrage énonciatif, procédés d’écriture), nous montrons quelques caractéristiques qui contribuent à la stabilisation du genre mais aussi interrogent certaines catégories d’analyse. |