RELATIONS PLANTE/SOL/CLIMAT Connaître le sol : nouveaux enjeux pour la gestion des territoires ruraux

Autor: Stengel Pierre
Jazyk: English<br />French
Rok vydání: 2000
Předmět:
Zdroj: Oléagineux, Corps gras, Lipides, Vol 7, Iss 6, Pp 485-489 (2000)
Druh dokumentu: article
ISSN: 1258-8210
1950-697X
DOI: 10.1051/ocl.2000.0485
Popis: Dans son acception commune, le mot sol désigne de façon souvent indissociable l’espace d’un territoire et la terre qui le recouvre. Cet héritage culturel d’une époque encore proche où l’association territoire-espace rural-agriculture relevait de l’évidence pour notre civilisation suffirait à motiver qu’une analyse actualisée des relations agriculture-territoire s’intéresse au sol comme composante de ces relations. Cependant, l’évolution de l’agriculture durant ces dernières décennies a considérablement atténué sa dépendance au sol, en tant qu’objet physique ou matériau déterminant par ses aptitudes et limitations les systèmes et techniques d’exploitation. Un des objectifs prioritaires du développement du modèle dit productiviste de l’agriculture française dans la deuxième moitié de ce siècle a en effet consisté à surmonter les contraintes que le sol imposait à la production. Il y est très largement parvenu. L’usage massif des intrants, engrais et amendements lui a permis de s’affranchir de la dépendance à l’égard de la « fertilité naturelle » des sols. Par la mécanisation et les opérations d’aménagement, drainage, irrigation, remembrement, les limitations physiques ont été largement surmontées. Ces évolutions ont coïncidé avec une spécialisation des systèmes de culture répondant aux exigences de compétitivité économique, qu’elles ont contribué à rendre possible. La réduction du nombre des espèces cultivées qui en est résultée au niveau des exploitations et de régions entières a également restreint la diversité des réponses adaptatives de l’agriculture aux variations spatiales des caractéristiques du sol. Globalement, le succès de l’intensification a permis à l’agriculture d’oublier le sol et de s’approcher d’une situation idéale quant à l’efficacité quantitative du processus productif qui consiste à le traiter comme un matériau support standard, modulant secondairement les fonctions de production des intrants. Cette vision est certes un peu extrême, mais il n’en reste pas moins que, dans la relations agriculture-territoire, le sol a occupé progressivement une position de plus en plus secondaire. Une des manifestations spécifiques à notre pays de cette indifférence croissante est la faiblesse des moyens dont il s’est doté pour connaître et gérer la diversité de sa couverture pédologique. Il ne dispose ni d’un inventaire exhaustif suffisamment précis pour répondre aux besoins de l’agriculture et de la décision publique, ni d’un outil de surveillance efficace de l’état de son patrimoine sol. Enfin, la protection des sols n’y est assurée que très partiellement par des dispositions juridiques ou réglementaires. L’évolution récente du contexte agricole, qu’elle concerne les mécanismes de soutien et de formation de revenu, les exigences de compétitivité et de qualité des produits, les liens au territoire et à l’environnement ou la recherche de la durabilité, conduit à une révision profonde de cette attitude. Cette nouvelle donne porte en gestation de nouvelles manières de produire et, plus généralement, de nouvelles méthodes de gestion de l’espace rural dans lesquelles le sol et son évolution devront être beaucoup plus fortement pris en compte. C’est la nécessité de ce changement et ses implications en matière de mobilisation des connaissances sur le sol qui constituent le propos de cet article.
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