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Au milieu du XIXe siècle, la "théorie de reproduction des eaux par les arrosages" découverte par M. Félips a déchaîné des passions, des Pyrénées catalanes jusqu'à la Société Royale et Centrale d'agriculture de Paris. Cette théorie, fondée sur de sérieux et répétés calculs de débit jusqu'en 1841, prouve que les arrosages effectués en amont permettent d'augmenter la quantité d'eau disponible en aval. Les arguments présentés furent d'abord tenus pour saugrenus : est-il imaginable que les arrosages produisent de l'eau plutôt que de la consommer ? Plusieurs commissions d'ingénieurs ont été chargées de vérifier cette étonnante théorie en 1846. Le résultat fut sans appel : il y avait bien plus d'eau à l'aval qu'à l'amont de la vallée considérée. La théorie de Monsieur Félips a été primée en 1849, puis est tombée dans l'oubli. Au-delà de son aspect anecdotique, ce qui nous semble devoir être souligné, c'est l'étrange résonance que cette théorie présente avec les arguments aujourd'hui présentés par les défenseurs de l'irrigation gravitaire "traditionnelle", telle qu'elle est pratiquée dans les Pyrénées-Orientales. Entre 2001 et 2003, des études ont été effectuées, visant à démontrer que ce mode d'irrigation, souvent considéré comme "gaspillant" de l'eau est en fait bénéfique : l'irrigation gravitaire permet de recharger les nappes d'eau souterraines. N'y a-t-il pas, à l'heure d'une double remise en cause de l'irrigation gravitaire (gaspillage et anachronisme), une certaine ironie à redécouvrir cette théorie… pas si désuète en somme ? |