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Le substantif qui s’impose aujourd’hui en Amérique pour présenter des pratiques collectives singulières, exclusives et habituelles, est celui de cultura – « culture ». Il s’agit toutefois d’un phénomène récent dont l’échelle temporelle ne dépasse guère quelques décennies. En Amérique latine hispanophone (par contraste avec la lusophone) un autre terme a été longtemps en vigueur, qui préfigure cultura tout en s’en distinguant : celui de costumbre – « coutume ». Ce terme sert aussi à désigner des pratiques collectives singulières mais avec pour caractéristique d’être susceptibles de jugement de valeur. Alors qu’il n’y a ni bonne ni mauvaise culture, il y a de bonnes et de mauvaises coutumes. On comparera ici deux exemples issus de contextes très distincts, l’un mésoaméricain et l’autre amazonien qui témoignent de l’épaisseur axiologique de ce terme. On y mettra en lumière le rôle clé de l’évangélisation dans son appropriation indigène, qu’il s’agisse de faire la part entre le « paganisme » et le « christianisme » (cas nahua) ou entre la « barbarie » et la « civilisation » (cas yurakaré). L’enracinement du terme costumbre dans des rapports sociaux d’ancien régime, montrera ainsi, par contraste, combien celui de cultura est corrélatif à l’universalisation du modèle de l’état démocratique pluraliste et des politiques de gouvernance multiculturelle latino-américaines. |