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La fin du Moyen Âge fascine. Deux facteurs principaux expliquent l’attraction qu’exerce cette période : elle apparaît d’une part comme un moment historique riche car double, phase de transition entre le Moyen Âge et la Renaissance, où se mêlent des cadres de représentation anciens et nouveaux. L’insinuation d’une pensée humaniste balbutiante s’y traduirait notamment par l’émergence de la notion d’individu, qui constitue l’un des objets de ce travail. Il faut invoquer, d’autre part, l’image macabre d’un bas Moyen Âge hanté par l’idée de la maladie et de la mort depuis l’épidémie de peste noire de 1348, obsédé par la brièveté de la vie humaine. Ces deux facettes de « l’automne du Moyen Âge » tel que l’évoque avec poésie Joan Huizinga sont-elles autre chose qu’une plaisante image d’Epinal? Cette étude cherche précisément à déterminer le degré de validité de ces deux topiques, à travers l’analyse de la représentation des âges de la vie dans un corpus bien défini, celui de la biographie chevaleresque castillane du XVe siècle. L’intérêt porté à l’individu, la conscience de la singularité impliquent en effet celle du caractère mouvant de la personne, or quel thème mieux que celui des âges permet de confirmer ou d’infirmer l’hypothèse du surgissement d’une nouvelle manière de concevoir l’homme, proprement « renaissante », en ce siècle de transition , La nature même du corpus retenu – des récits biographiques – suggère en effet une mutation dans l’appréhension de la personne, une attention prêtée à sa progressive transformation. L’étude de la représentation de la vieillesse, en particulier, révèle non seulement à quel point était alors réelle cette prétendue obsession de la déchéance physique et de la mortalité, mais aussi dans quelle mesure étaient soulignés et valorisés les changements individuels parallèles à l’avancée en âge. |