Langage et construction stéréotypée des rapports sociaux de sexes au Burundi

Autor: Willy NGENDAKUMANA
Jazyk: German<br />English<br />Spanish; Castilian<br />French
Rok vydání: 2022
Předmět:
Zdroj: Akofena, Vol 2, Iss 6 (2022)
Druh dokumentu: article
ISSN: 2706-6312
2708-0633
Popis: Dans le contexte du langage burundais, la fille est préparée à comprendre que la femme est faite pour la procréation et l’entretien du foyer. Au nom de la maternité et de tout ce que cela implique comme charges, la femme est condamnée à faire la cuisine, le ménage et la lessive pour son mari et ses petits enfants. Elle devient par là un esclave volontaire dans une société où les avatars de l’opinion commune se transmettent de génération en génération. Or, parmi les problématiques traitées en sciences du langage au Burundi, celle des stéréotypes féminins véhiculés par le langage est le secteur le moins exploré. Des travaux linguistiques dont l’ambition est de pénétrer le phénomène de la domination de la femme par l’homme sont très rares. Notre constat est ainsi que la population burundaise est sous l’emprise de la tradition sur toutes les questions où l’homme est évoqué dans ses rapports avec la femme. La tradition burundaise suit la logique du « cela-va-de-soi » : c’est évident, la femme est inférieure à l’homme en tout, partout, pour tous les temps, voire pour longtemps ; il est hors de question de porter quelque regard critique sur cet ordre de relations, au risque de casser l’harmonie sociale. Ainsi, se développent des stéréotypes langagiers tendant à maintenir la femme dans un complexe d’infériorité et de soumission. Cet article n’a ni l’intention de combattre la tradition, ni celle de proposer un renversement des rôles dans les rapports masculin/féminin. Il ne prétend pas non plus épuiser tous les aspects de la question des rapports sociaux entre les genres au Burundi, ils sont tellement divers et complexes. L’étude fait l’état de la question des idées reçues qui circulent dans le langage autour de l’infériorisation de la femme au Burundi et leurs implications sur le vécu quotidien des femmes. La recherche affirme - en même temps qu’elle condamne tout ce qui empêche la femme de s’épanouir pleinement - que la domination masculine est un fait qui se manifeste surtout dans le langage stéréotypé (doxique) des Burundais, c’est-à-dire dans le répertoire verbal de l’opinion commune sur la femme, le plus souvent définie et régie par des lois non écrites par ailleurs.
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