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Pendant de nombreuses décennies, les langues autochtones furent dans la majorité des cas inaudibles ou absentes de nos écrans, les réalisateurs participant ainsi de manière implicite au processus de colonisation linguistique des peuples autochtones d’Amérique. Les vingt-cinq dernières années ont vu naître des initiatives visant la revitalisation des langues autochtones ainsi que la remédiation de la tradition orale à l’écrit comme à l’écran, dans un contexte où les collaborations interculturelles se font plus nombreuses. Dans le contexte québécois, des cinéastes telles que Marquise Lepage, Myriam Verrault et Chloé Leriche travaillent de manière étroite avec des individus et communautés autochtones, en développant avec eux/elles des relations horizontales (plutôt que verticales) avec ces derniers, en les intégrant au processus de création. Cet article examine ainsi un cas particulier de collaboration interculturelle, celui du collectif Arnait Video Productions, co-fondé par la cinéaste québécoise Marie Hélène Cousineau ainsi que par les Ainées inuit Susan Avingaq et Madeline Ivalu. À travers des entrevues avec Cousineau et en s’inspirant des travaux de spécialistes de langues autochtones, ce texte s’intéresse au processus de traduction, envisagé comme une action contribuant à une médiation culturelle et interculturelle, mais aussi à la façon dont ce processus engendre de nouvelles manières de voir, de penser et d’entendre les langues autochtones à l’écran. Une attention accrue est portée aux stratégies, à la portée esthétique et aux modes de résistance associés au processus de traduction dans la trilogie d’Arnait. |