Quand les engloutis fabulent

Autor: Garnier, Xavier
Jazyk: francouzština
Rok vydání: 2023
Předmět:
Popis: Lorsque la violence se déchaîne sur un territoire, il n’est pas étonnant qu’une grande partie des habitants se calfeutrent, cherchent à se rendre invisibles en passant derrière le décor. C’est le cas du narrateur de Qui se souvient de la mer, le roman de Mohammed Dib paru en 1962 et qui apparaît comme un bilan d’expérience d’un long cauchemar qui aura duré huit ans. Sous une ville qui ressemble fortement à Alger, se déploie une ville souterraine qui jouxte la ville en guerre, en accueille toute la violence, mais semble configurée par d’autres règles narratives. Cette ville fabuleuse ne fonctionne pas simplement comme un refuge, elle est aussi un trou noir de grande intensité où les traumas individuels s’agglomèrent en trauma collectif qui configure une mystérieuse géographie urbaine. La parole des invisibles, explicitement mise en œuvre dans le roman de Mohammed Dib, fait tourner le récit en fable pour spatialiser la part de trauma qui est née à l’époque coloniale et continue de hanter l’expérience postcoloniale. La ville souterraine de Mohammed Dib est un « point de vie » sur le monde, à la fois inexpugnable et chargé d’énergie. When violence is unleashed on a territory, a large part of the inhabitants hide away and seek to make themselves invisible by going behind the scenes. This is the case of the narrator of Qui se souvient de la mer, a novel by Mohammed Dib published in 1962. The novel appears as an assessment of the preceding eight-year long nightmare. Beneath a city that strongly resembles Algiers, an underground city unfolds, adjacent to the city at war, taking in all its violence, but seemingly shaped by other narrative rules. This fabulous city not only functions as a refuge, it is also a high intensity black hole where individual traumas coalesce into collective trauma that gives shape to a mysterious urban geography. The words of the invisible inhabitants, explicitly used in Mohammed Dib's novel, turn the story into a fable to spatialize the part of trauma that was born in the colonial era and continues to haunt postcolonial experience. The underground city of Mohammed Dib is a point de vie (“point of life”) on the world, both impregnable and charged with energy.
Databáze: OpenAIRE