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L’héritage politique médiéval liait par un pacte le royaume d’Aragon et son roi. Ceci impliquait un certain équilibre dans la pratique du pouvoir et le respect d’obligations mutuelles dictées par les fueros. Dès le règne de Ferdinand le Catholique et en particulier sous Philippe II, la volonté du prince tenta de se placer au-dessus de ces lois dans une perspective absolutiste qui jetait les bases de l’État moderne. Les conflits entre l’oligarchie dominante et la monarchie se multiplièrent impliquant une censure multiforme véhiculée par le Saint-Office et les ministres du roi. La censure-réprobation et la censure-condamnation devinrent les instruments de l’affirmation d’un nouvel ordre politique qui prit tout son sens sous Philippe II et triompha avec les Cortès de Tarazona et la répression des événements de 1591. Les deux grands symboles du pouvoir aragonais, la Diputación General del Reino et la ville de Saragosse, furent durement touchés. Au cours du xviie siècle, la censure des candidatures aux charges institutionnelles se précisa et permit de contrôler les rouages des administrations du royaume tout en réduisant son autonomie politique. La Diputación General del Reino tenta bien de relever la tête en promouvant la publication d’œuvres apologétiques tendant à redorer l’image d’un royaume ternie par la littérature étrangère, mais ce fut encore sous la menace de la censure, source à son tour d’une autocensure qui toucha tant l’institution que ses commis. |