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Ce chapitre analyse des cas d’interventions politiques de femmes, sous la République. Trois situations sont examinées : les interventions en faveur d’épouses d’hommes influents ; les interventions en faveur d’hommes de la famille ; les interventions en public.Il apparaît que les femmes agissaient surtout dans un contexte familial et matrimonial. Cela ne veut pas dire qu’elles n’intervenaient pas dans leur propre intérêt, mais seulement que cela n’était pas considéré comme admissible et relevait plutôt de la transgression, selon la tradition littéraire antique. De multiples témoignages concernent les interventions féminines en contexte de crise, car il était considéré comme légitime que les femmes représentent les intérêts des hommes quand ceux-ci étaient dans l’impossibilité de le faire ; en outre, l’intervention collective des femmes pour la cité, en temps de crise, appartient aux exempla transmis par les sources littéraires car la femme « agissante » constituait un élément du répertoire narratif de représentation des crises : on y recourait soit pour identifier une crise, soit pour montrer la médiocrité des hommes impliqués.L’espace public romain n’était ouvert à une intervention féminine qu’en des temps de détresse familiale et étatique. Dans ses lettres, Cicéron montre que dans la phase finale de la République les femmes ont participé intensivement au jeu politique – mais à l’arrière-plan – et qu’elles sont même entrées en discussion avec des hommes. Les interventions féminines s’appuyaient sur des réseaux féminins et familiaux, et faisaient donc partie de ce qu’on peut appeler le « matronage » des femmes, qui avait pour but d’augmenter et de consolider le prestige personnel (auctoritas).La forme la plus populaire de l’intervention féminine était celle de la supplicatio. Cependant, le chapitre rappelle que des Romains de haut rang ont également recouru à la supplicatio en diverses circonstances du jeu politique. Il est donc nécessaire de recontextualiser la supplication féminine. |