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Depuis la fin du XVIIIe siècle, le devenir des enfants sourds est apparu comme un enjeu de société. Il s’est agi d’instaurer une véritable « orthopédie », au sens que Nicolas Audry donne à ce mot dès 1741, soit « l’art de prévenir et de corriger, dans les enfants, les difformités du corps ». Désinvestir les gestes pour mieux investir la voix : pendant près d’un siècle, les techniques de démutisation occupent une place envahissante dans l’emploi du temps de l’écolier sourd. Cette orthopédie que nous avons qualifiée « d’oraliste » appliquée dans les Institutions de Paris et de Bordeaux à partir des années 1820, connaît son apogée au début du XXe siècle. Interroger l’histoire de l’éducation des enfants sourds, c’est mettre en évidence la farouche volonté de notre société de faire de la personne sourde une personne entendante. C’est aussi montrer que cette histoire épouse celle de la langue des signes française (LSF) et sa résilience. C’est enfin découvrir qu’au regard de l’histoire du corps du jeune sourd, le sport scolaire silencieux est devenu le porte-drapeau d’une recherche d’une réduction du désavantage social. Le sport silencieux se présente alors comme un contremodèle à l’infirmité, à l’image de malade ou de dégénéré dont le jeune sourd fut affublé. |