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Depuis quelques années, au Québec comme en Europe, plusieurs artistes s’attachent à mettre en scène des parcours théâtraux où le spectateur se déplace dans l’espace, de façon plus ou moins structurée. Alors que quelques-uns privilégient une certaine restriction de la mobilité physique et proposent une avancée strictement balisée, d’autres préfèrent laisser le spectateur déambuler sans contrainte dans un lieu aux frontières mouvantes, indéterminées. Cet engagement physique du spectateur dans un espace qu’il sillonne de ses pas et partage avec des acteurs (présents ou virtuels), induit des modalités particulières de réception. À travers des exemples tirés des pièces Résonances, de Carole Nadeau, et Himmelweg, de Geneviève L. Blais, et par le biais d’une réflexion portant sur le rapport à l’espace, à l’environnement sonore et aux acteurs (projetés et présents), le présent article s’attache à questionner la relation ambiguë à la représentation développée par le spectateur plongé dans un dispositif scénique où il perçoit sa propre activité, et où persiste, aiguë, sa conscience de soi. Catherine Cyr s’intéresse en particulier aux moments « blancs » ou interstitiels qui émaillent son parcours ambulatoire. Des moments de pure présence à soi qui, lorsque par intermittence disparaissent les images ou s’éteignent les voix, abolissent le rapport à l’Autre et viennent suspendre l’attention à la représentation. For some years now, in Quebec as in Europe, many artists have been staging theatrical trajectories where the spectator circulates in a more or less structured fashion. Whereas some of these artists privilege some restriction of physical mobility and propose a carefully mapped out course, others prefer to let the spectator rove at will in a place of shifting, undefined boundaries. This physical engagement by the spectator, in a space that he or she moves through and shares with actors (present or virtual,) leads to particular modalities of reception. The present article discusses the relationship to space, sound environment and actors (projected and present) based on examples from the productions Résonances by Carole Nadeau and Himmelweg by Geneviève L. Blais to examine the ambiguous relationship to performance developed by spectators who are cast into a stage setting where they perceive their own activity, becoming ever more acutely self-conscious. The author focuses in particular on the “white” or interstitial moments that punctuate the spectator’s movement. Moments of pure self-presence, occurring whenever images disappear or voices fade, abolish the relationship to the Other and suspend attention to the performance. |