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À dater de la seconde moitié du xixe siècle, le territoire pénitentiaire du Maroni, situé à l’ouest de la Guyane française, est alloué à la gestion de la transportation des condamnés aux travaux forcés. L’administration du bagne est chargée d’y expérimenter les préceptes de la colonisation par la voie pénale, posés par la loi du 8 mai 1854. Parmi ses outils, les rapports entre les sexes sont organisés afin de construire ex nihilo un foyer de peuplement, à même de répondre aux attentes des parlementaires. Le foyer doit non seulement être le moyen de moraliser les bagnards et les bagnardes, mais il est également le nécessaire dispositif économique et démographique sans lequel la colonisation pénale ne peut espérer d’avenir. Manipulée par l’administration du bagne, l’organisation des rapports de pouvoir de sexe, comme ceux de classe et de « race », ne se comprend qu’à la lumière du caractère pénal et colonial de l’implantation française au Maroni. Ce territoire est à la fois ouvert et fermé, il est soumis à des temporalités qui, sur près d’un siècle, contraignent sa raison d’être : la colonisation pénale. Les rapports entre les sexes se meuvent et s’articulent à d’autres rapports de pouvoir qui, même s’ils sont parfois mis à mal et souvent remaniés, assurent à la domination administrative sa maîtrise du territoire et de ses habitants. As from the second half of the nineteenth century, the prison territory of Maroni, situated in the West of French Guiana, is only assigned to manage the transportation of the convicts condemned to penal labour. The administration of the penal colony is charged to experiment the general principles of penal colonization, described by the law of May 8th, 1854. Among its tools, gender relations are organized in order to build ex nihilo a settlement that can satisfy Parliament’s expectations. Family has to be the way to moralize the convicts, men and women, but it is also an economic and demographic necessity without which the penal colonization cannot have any future. The analysis of classes, “races” and gender relationships has to take into account the penal and colonial dimensions of the French imperialism policy. This territory, closed and opened in the same time, is submitted to different temporalities which constrain during almost a century its reason of being: colonization by convicts. Linked to others power relations, gender relations are always adjusted and necessarily in movement, so that the colonial administration can continue to exercise its domination on territory and people. |