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Cette contribution vise à analyser l’évolution de la pensée d’Abdelkebir Khatibi autour des modalités de la rencontre entre identité et altérité. Si Amour bilingue exacerbe les tensions de la dualité dans la langue, Féérie d’un mutant expérimente une « altérité excentrique ». Les deux romans mettent en scène la rencontre entre le dépassement du dualisme et le cheminement vers « la pensée autre ». Le terme « exote » emprunté à Victor Segalen permet un nouvel éclairage sur la posture de l’auteur et de ses doubles. Installé dans l’errance, l’exote expérimente le détachement et cultive son extranéité en déconstruisant son rapport familier à toute pensée coutumière. Ses pérégrinations se font dans les non-lieux, seuls garants du mouvement. Ainsi, il devient possible de renouveler le regard et d’avoir une vision de soi et de l’autre qui échappe sans cesse à la doxa identitaire et orientaliste. Il apparaît que cette extranéité implique un devenir recommencé, dans lequel la mémoire est portée par la trace, le poème par ses métempsychoses et le corps par les métamorphoses qui rythment ses multiples rencontres. This article analyses the evolution of Khatibi’s thought concerning the modalities that determine the contact between identity and alterity. While Amour bilingue emphasizes the duality conflict within the langage, Féérie d’un mutant underscores an « eccentric otherness ». Both novels depict the meeting and overcoming of dualism and the path to « a different thinking ». Borrowed from Victor Segalen, the word « exote » provides new insights into the posture of the author and his doubles. A wanderer, the exote experiences detachment and nurtures his otherness by deconstructing all familiar ways of thinking. He travels within and between « non-lieux » (non-places) thus affirming his status. It enables him to renew his outlook and to construct a new vision of the self and of the other outside of doxa. This extraneous posture involves an ever transforming new becoming. Through this process, the memory is born from the trace, the poem from its metempsychosis and the body from the metamorphoses engendered through its multiple encounters. |