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L’article est consacré à un aspect majeur de l’activité publique de l’intelligentsia russe, à savoir sa participation aux sociétés bénévoles apolitiques (pédagogiques, savantes et culturelles). L’analyse se base sur des matériaux relatifs à Tambov, chef-lieu de province typique du centre de la Russie, qui datent de la période prérévolutionnaire, période pendant laquelle un climat de tension politique, culturelle, scientifique et artistique se faisait de plus en plus sentir dans la ville. Elle montre comment l’activité culturelle de l’intelligentsia s’est développée et en quoi se distinguaient les divers groupes d’intellectuels qui composaient les associations de bénévoles. La présentation des sociétés publiques les plus marquantes et les plus actives et de leurs chefs permet d’analyser les raisons qui ont poussé l’intelligentsia à s’engager dans l’action publique, les traits particuliers de son organisation loin de la capitale, l’impact des associations apolitiques sur le développement de la conscience civique et politique de l’intelligentsia et sur sa professionnalisation. Pour l’auteur, cette activité témoigne de la capacité d’une partie considérable de la « classe instruite » russe, confrontée à un climat d’instabilité politique, à s’engager sur la voie d’un travail constructif progressif plutôt qu’à se lancer dans l’expérimentation révolutionnaire. L’auteur voit dans l’activité des sociétés apolitiques l’une des formes de la transformation de la vie russe selon la théorie des « petites actions ». L’article se base sur un grand nombre de sources – documents d’archives, périodiques, et écritures des organisations publiques. The role played by the intelligentsia in Tambov at the turn of the twentieth century. A tentative regional study. – This article deals with an important episode in the Russian intelligentsia’s public activity, namely its participation in non-political (pedagogical, scientific and cultural) societies. The analysis is based on material relative to Tambov (a typical provincial capital in Central Russia) dating back to the prerevolutionary era, a time when increasing unrest could be felt in the town’s political, cultural, scientific and artistic life. It shows how the intelligentsia’s cultural activity developed and how the various groups of intellectuals that made up the societies participated. The author describes the most remarkable and active public societies and their leaders and studies the reasons why the intelligentsia became involved in public action, how it could organize in a provincial context, how non-political societies influenced the development of civil and political consciousness, and how the intelligentsia became professionalized. The author considers that the intelligentsia’s activity attests its ability to engage in progressive, constructive work rather than revolutionary experimentation when caught in the midst of political instability, and sees in it the implementation of the evolutionary transformation of Russian society based on the theory of “small deeds.” The research is based on a vast amount of sources--archival documents, periodicals, and the societies’ bookkeeping records. |