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En écho aux travaux développés dans le cadre du tournant culturel sur la place des représentations et des imaginaires géographiques dans l’élaboration des territorialités, cet article engage une discussion d’ordre épistémologique et entend démontrer qu’il est possible de promouvoir une analyse des relations signifiantes et créatrices qui se tissent entre l’individu et le lieu. Ces relations dont la portée renvoie à une quête existentielle sont au fondement des formes d’attachements aux spatialités. Dans ce contexte, il s’agit de promouvoir une géographie poétique, sensuelle et réincarnée où l’incorporation de l’objet par le chercheur occupe une place prépondérante afin que l’intuition et la connaissance tacite soient réinvesties dans le dispositif méthodologique. L’ethnographie énactive et la participation observante sont alors considérées comme des approches méthodologiques fécondes dans la mesure où elles permettent au chercheur de saisir le caractère intime, sensible, poétique et charnel des relations qu’il entretient et, plus largement, que les individus entretiennent au lieu. Cette lecture socio-anthropologique sensible de l’habiter explore les dialectiques qui s’orchestrent entre l’individu et le lieu. Il s’agit alors de poser l’hypothèse qu’en fonction des résonances sensuelles, émotionnelles et affectives qu’engendrent ces relations au lieu les individus expérimentent l’intensité de leur présence au monde dont la dimension ontologique dépend étroitement de la profondeur des formes d’attention portées au caractère eidétique des lieux, au corps, à soi, à l’autre, à l’espace, au temps… Enfin, cette géographie à fleur de peau est présentée comme un cadre paradigmatique opportun pour un réenchantement de la démocratie participative érigé sur la reconnaissance du caractère existentialiste de l’habitabilité. In echo of the research that has been developed in the context of the cultural turning point concerning the place of representations in the territoriality, this article engages an indepth discussion of epistemological distinctions and seeks to demonstrate that the promotion of the study of creative and meaningful relationships which are established between individuals and places is possible. These relations which evoke an existential quest are the basis of bonds that are created with places. In this context, the aim is to promote a poetic, sensual and reincarnating geography where the incorporation of the subject by the researcher takes a prominent place so that intuition and tacit knowledge can be reinvested into the methodology of the process. Enactive ethnography can be considered to be fruitful methodological approaches because it can allow the researcher to understand the nature of the intimate, sensitive, poetical and carnal relationship that is maintained, and more generally, that maintained by individuals with place. This sensitive socio-anthropological interpretation of “inhabiting” explores the dialectic which is orchestrated between the individual and place. The purpose is then to hypothesize that according to sensual, emotional and affective resonance related to place individuals experiment the intensity of their presence in the world where the ontological dimension is closely linked to the depth of attention which is formed through the eidetic character of place, the body, oneself, space and time… Finally, this sensitive geography is presented as a valuable paradigmatic framework for a reenchantment of participatory democracy built on the acknowledgement of the existentialist character of dwelling as being on earth. |
