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Durant les années 2010, se développe en France un débat public sur l’« obsolescence programmée », une expression fortement contestée. Au gré des campagnes associatives, publications médiatiques et initiatives politiques, se multiplient les injonctions à définir, exemplifier, prouver l’obsolescence programmée. En guise de réponse, les enquêtes autour de pannes d’appareils, leurs causes et leur réparation se multiplient. Étudiant ces discours et les topoi qu’ils mettent en circulation, on montrera qu’ils développent ce que l’on propose d’appeler une heuristique de la panne, dont on exposera aussi les limites. En effet, à la faveur de cette focalisation sur la panne des appareils, beaucoup d’objets sont évacués du débat et de la réflexion sur la durabilité. De plus, dans la mesure où l’obsolescence programmée est comprise comme une « arnaque », un vice caché révélé par l’enquête, les initiatives politiques favorisent la promotion d’une meilleure « information du consommateur », laissant aveuglément au marché le soin de rétablir l’équilibre entre offres jetable et durable. Since 2010, a public debate on « planned obsolescence » is occurring in France. While associative campaigns, media’s interest and political proposals have increased, many public speakers asked for definitions, exemples and evidences of planned obsolescence. As an answer, investigations about appliances breakdowns, their causes and their repairing increased. Focusing on these inquiries as a specific figure of speech, we will argue that they can be an heuristic model but shows important limits. As the debate on products durability is focused on appliances breakdowns, many objects are set apart. Furthermore, as planned obsolescence is understood as a latent defect or a scam that the investigation is supposed to reveal, strategies for action and political recommandations favor consumer information, blindly relying on the market to redress the balance between disposable and sustainable consumption. |