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Cet article rappelle les grandes étapes du déchiffrement des écritures du Proche-Orient ancien, considérées à ce jour comme les premières apparues dans l’histoire de l’humanité. Il analyse et critique les principales théories de l’écriture produites ou renforcées à l’occasion de ces déchiffrements. La plus grande partie de ces théories ont longtemps fait de la langue parlée le modèle de l’écriture. Durant la première moitié du xxe siècle, cette prééminence de la langue dans le processus d’élaboration de l’écriture (le « logocentrisme ») a été puissamment renforcée par la linguistique (Saussure) et le structuralisme qui en est issu. Mais à partir des années soixante, cette conception a profondément été remise en cause, principalement par le philosophe Jacques Derrida et, d’une autre façon, par les travaux d’Anne-Marie Christin. On examine ici l’enrichissement considérable que représentent ces nouvelles approches, appuyées tout récemment par les avancées des neuro-sciences. This article reminds the major steps in the deciphering of the writings of the Ancient Middle East, considered as the first in the history of humanity. It analyzes and criticizes the main theories of writing produced or reinforced on the occasion of these decipherings. Most of these theories have long made spoken language the model of writing. During the first half of the 20th century, this pre-eminence of language in the process of elaborating the writing ("logocentrism") was strongly reinforced by linguistics (Saussure) and the resulting structuralism. But from the sixties this conception was deeply challenged, mainly by the philosopher Jacques Derrida and in another way by the work of Anne-Marie Christin. This paper presents recent data on the understanding writing per se, produced by these new approaches, and which has been recently sustained also by studies of neuroscience. |