Pourquoi l’anglais est-il la langue de l’économie ?

Autor: Matouk, Jean
Jazyk: francouzština
Rok vydání: 2018
Předmět:
Popis: Plusieurs raisons expliquent que l’économie ait une langue spéciale qui est l’anglais. L’économie politique, comme discipline, est née en Grande Bretagne, à la fin du xviiie, avec Adam Smith, autour de l’industrie anglaise naissante, tandis que les physiocrates français ne voient de « richesse » que dans l’agriculture. Le développement économique de la Grande-Bretagne, « son » xixe siècle – activité commerciale et bancaire internationale –, ont largement alimenté des études économiques, la plupart du temps, anglaises. Des économistes français « suivaient » mais ne générèrent aucune école spécifique, à l’exception du nîmois Charles Gide. La traduction en français de la Théorie générale de John M. Keynes après 1936 fut un moment refondateur de l’économie politique en France. Enfin la troisième raison pour laquelle l’anglais est la langue de l’économie est ce que l’on pourrait appeler sa plasticité terminologique. Un mot commun (swap, future, cap, flour) devient très vite un terme technique précis, adopté par tous les professionnels, alors que les mots français correspondants ne gardent que leur sens premier. Tous les financiers connaissent et utilisent le sigle CDS (Credit Default Swap) dont la traduction française serait « inutilisable ». Mais, outre cette « nationalité » d’origine anglaise, la langue de l’économie a une autre caractéristique linguistique, lexicale. C’est l’usage fréquent sinon permanent du pourcentage, à l’image de la date en histoire. Un texte économique est obligatoirement scandé de pourcentages. Peu importe en effet de connaître le niveau absolu du produit national brut total ou par tête, ce qui caractérise un état de tout ou partie de l’économie, c’est l’évolution de ce PNB, de cette consommation, des prix, des salaires donc du pouvoir d’achat, en pourcentage ; ou c’est le taux de chômage, pourcentage des chômeurs par rapport à la population active totale. La sociologie, la géographie utilisent aussi les pourcentages, mais dans une moindre mesure.
Databáze: OpenAIRE