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Cette étude porte sur un épisode connu de l’époque triumvirale, daté de 42 av. J.-C. : la protestation des matrones romaines portée par Hortensia, fille de Quintus Hortensius Hortalus, et destinée à empêcher Antoine, Octave et Lépide de prélever des fonds pour financer la campagne imminente en Orient contre les Césaricides. L’affaire est relatée par Valère Maxime, Quintilien et Appien. Cette enquête a deux buts : sont étudiés d’un côté la nature et les objectifs spécifiques de l’intervention triumvirale, d’un autre côté les modalités et les raisons de la réaction portée par les matrones. La tonalité conservatrice qui apparaît dans l’oratio prononcée par Hortensia, et probablement concertée avec les hommes politiques de sa famille, ses liens de parenté, l’identité des interlocutrices contactées dans un premier temps par les femmes afin de leur servir d’intermédiaires auprès des leaders césariens suggèrent l’existence d’un lien étroit entre les matrones en action et la sphère pro-républicaine, récemment visée par les triumvirs à travers l’édit de proscription. Un rapport direct entre cette mesure et l’impôt demandé aux matrones transparaît également dans les arguments spécifiques utilisés par Hortensia pour obtenir l’annulation de la mesure : les matrones affirment n’avoir eu aucune part aux responsabilités pour lesquelles leurs parents ont été proscrits. L’analyse de la mesure contre laquelle Hortensia prend la parole, en lien avec d’autres mesures à caractère fiscal prises par les triumvirs à cette période, suggère par ailleurs qu’il ne s’agissait pas ici d’un prélèvement sans but mais qu’il avait au contraire pour intention d’affaiblir le parti adverse qui, bien que frappé par les confiscations dues aux proscriptions, pouvait encore compter sur d’énormes ressources matérielles demeurées précisément aux mains des membres féminins des familles optimates. S’en prendre aux patrimoines considérables des matrones, dans les mains desquelles avaient pu se concentrer des richesses énormes pendant les guerres civiles, était par conséquent une manœuvre politique probablement inéluctable dans la lutte sans merci entre les triumvirs et les Césaricides. |