Désenchanter l’habitat spatial : environnements artificiels et mondes sans nature dans Aurora (K. S. Robinson), Shangri-La (M. Bablet) et Nos Temps contraires (G. Toriko)

Autor: Gambin, Gatien
Jazyk: francouzština
Rok vydání: 2023
Předmět:
Popis: Le roman Aurora (Kim Stanley Robinson, 2019 [2015 aux États-Unis]), la bande dessinée Shangri-La (Mathieu Bablet, 2016) et le manga Nos temps contraires (Kimi o Shinasenai tame no Monogatari, Gin Toriko, 2020-2022 [2017-2021 au Japon]) constituent un corpus qui utilise l’habitat spatial comme décor. Ces fictions s’inscrivent dans un imaginaire et une iconographie des habitats spatiaux alimentés notamment par l’ouvrage The High Frontier de Gerard K. O’Neill (1977) illustré par Donald E. Davis qui présentèrent l’habitat spatial comme un lieu utopique. À travers une analyse comparée des trois œuvres, nous montrerons qu’elles renversent cet imaginaire. Toutes les trois présentent les habitats spatiaux non plus comme des lieux utopiques ou comme des plans B pour la survie de l’humanité, mais comme des environnements limités dont on souhaite s’échapper. Aurora postule un environnement « astropastoral » (Brad Tabas, 2021) pour questionner la relation de l’humain à son habitat, naturel et artificiel. Shangri-La et Nos temps contraires postulent des mondes sans nature pour accentuer le caractère dystopique de leurs récits. Les trois œuvres participent aussi de l’« esthétique des limites » propre à l’Anthropocène théorisée par Tommasio Guariento. Elle se manifeste en particulier dans le corpus à travers deux motifs : la contemplation de la Terre et le retour sur Terre. Ainsi, à travers le décor de l’habitat spatial, ce corpus questionne avant tout la condition terrestre de l’humanité à l’ère des angoisses écologiques. The novel Aurora (Kim Stanley Robinson, 2015), the graphic novel Shangri-La (Mathieu Bablet, 2016) and the manga Nos temps contraires (Kimi o Shinasenai tame no Monogatari, Gin Toriko, 2020-2022 [2017-2021 in Japan]) form a corpus using space habitat as a narrative setting. These fictions are a part of narratives and iconography of space habitats defined notably by Gerard K. O’Neill’s essay The High Frontier (1977) illustrated by Donald E. Davis who presented space habitats as utopian places. Through a comparative study of these three fictions, we will show that they are less optimistic about these environments. They all present space habitats no longer as utopian places or as a plan B for the survival of humankind, but as limited environments from which we wish to escape. Aurora depicts an « astropastoral » environment (Brad Tabas, 2021) to interrogate the relationship between humanity and its habitat, whether natural or artificial. Shangri-La and Nos temps contraires depict worlds without nature to accentuate the dystopian setting of these stories. These three fictions also use the « limits aesthetic » (« esthétique des limites ») of the Anthropocene which has been theorized by Tommasio Guariento. It manifests in the corpus through two patterns: the Earth’s contemplation and the return to Earth. Thus, through the space habitat setting, this corpus mainly questions the humanity’s terrestrial condition in an era of ecological anxieties.
Databáze: OpenAIRE