Du frisson (phrikê) d’horreur au frisson poétique : interprétation de quelques émotions entre larmes chaudes et sueurs froides chez Platon et Homère

Autor: Bouvier, David
Jazyk: francouzština
Rok vydání: 2017
Předmět:
Popis: Posant la question d’une universalité des émotions, cette étude prend l’exemple des larmes et du frisson pour démontrer, dans un cheminement qui remonte de Platon à Homère, les divergences et contradictions de leurs interprétations. Dans la République, Platon prend à dessein l’exemple du frisson de peur et des plaintes pour renverser les valeurs de l’Iliade et démontrer le danger d’une telle poésie dans la cité idéale. Dans une démonstration qui postule un effet émollient de la peur et des pleurs, il dénonce une poésie qui amollit, en la réchauffant, la virilité des auditeurs. Ce postulat platonicien est en totale contradiction avec la poésie homérique où les larmes chaudes (dakrua therma) constituent, ainsi que les pleurs abondants, un signe de virilité. Dans la poésie homérique, les larmes chaudes ont un effet amollissant et liquéfiant sur la seule beauté féminine. Quant au frisson de peur, loin de réchauffer, il a, sur les héros homériques, un effet glaçant. Le chaud et le froid ne sont pas chez Homère ce que Platon affirme. Rien d’universel donc dans la manière de décrire et ressentir une émotion. Taking into account the cultural diversity of emotions, this study considers the examples of tears and shivering (phrikê). It aims to confront Plato’s and Homer’s opposite conceptions. In the Republic, Plato examines the effects of poetry on listeners. He claims that descriptions of tears and scenes of fear affect the soul and make it warmer and softer; this process affects the virility. Poetry of lamentation should be left to women. Such a conception is in total contradiction with the Homeric poems, where hot tears (dakrua therma) are, as well as abundant tears, a sign of virility. In Homeric poetry, the hot tears are dangerous only for women. We must emphasize another opposition. Shivering does not have a warming effect (as for Plato) but is described as cold and glacial. Hot and cold emotions in Homer are not what Plato makes us to believe. Plato invents a new theory of emotion that supports his critic of Homeric poetry.
Databáze: OpenAIRE