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La contamination par le SARS-CoV-2 en 2020 et 2021 de la quasi-totalité des habitants du village shipibo-konibo de San Francisco de Yarinacocha est à l’origine de rumeurs développées par les villageois qui mettent en scène un plan d’extermination massive dont des scientifiques occidentaux sorciers seraient les instigateurs. Ces rumeurs sont autant de métaphores sur les façons dont les villageois intériorisent leurs inquiétudes concernant leur état de santé, profondément dégradé à la suite du passage rapide d’une économie d’autosubsistance fondée sur l’abondance à une monétarisation de l’économie locale marquée par un phénomène de paupérisation et de syndémie. La gestion de la Covid-19 par un retour aux médecines locales a néanmoins agi comme un contre-pouvoir thérapeutique et une force de résilience autochtone destinés à contrer la dégradation de l’état sanitaire, mais aussi l’assimilation progressive des villageois à la culture majoritaire, en faisant resurgir les liens forts qui unissent cette société au monde végétal. The SARS-CoV-2 contamination in 2020 and 2021 of almost all of the inhabitants of the Shipibo-Konibo village of San Francisco de Yarinacocha is at the origin of rumors developed by the villagers relating a plan of mass extermination that would have been instigated by witch doctors from the West. These rumors could be considered as metaphors for the ways in which villagers internalize their concerns about their health, which has been profoundly degraded by the rapid shift from a self-subsistence economy based on abundance to a monetization of the local economy marked by pauperization and syndemics. The management of Covid-19 through a return to local medicines and by resurrecting the strong links that unite this society to the plant world acted nevertheless as a therapeutic counter-power and a force of indigenous resilience intended to counter not only the deterioration of the health situation, but also the gradual assimilation of the villagers into the mainstream culture. |