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Résumé. Le présent article entreprend une comparaison entre les analogies végétales qu’Anaximandre auraient mises en œuvre dans son explication de la genèse de l’univers et celles que le traité hippocratique De la génération / De la Nature de l’enfant propose pour rendre compte de la genèse de l’embryon. On y avance l’hypothèse du caractère « opératoire » des analogies utilisées dans les deux cas. Anaximandre compare le processus de formation de l’univers avec un phénomène observé dans les pratiques agricoles, à savoir la croissance et le détachement de l’écorce, par exemple sur les pommiers. L’analogie ne porterait pas en premier lieu sur l’identité des structures comparées mais sur l’identité d’opérations ou de processus : l’enveloppe de feu qui entoure le monde se développe comme une écorce autour d’un arbre, et la modalité spécifique de son développement explique qu’elle prenne une forme sphérique, alors que l’écorce de l’arbre prend une forme cylindrique. L’analogie végétale que propose l’auteur du traité hippocratique pour rendre compte du développement de l’embryon serait de même nature, car elle suppose seulement une identité de processus entre deux natures dont les structures sont fort différentes (l’arbre et l’embryon). La comparaison entre Anaximandre et le traité hippocratique permet de faire apparaître le caractère heuristique de l’analogie végétale pour unifier la diversité des processus élémentaires impliquées dans les fonctions du vivant et d’en affirmer le caractère universel. Abstract. The present paper undertakes a comparison between the vegetal analogies that Anaximander would have used in his explanation of the genesis of the universe and those that the Hippocratic treatise On Generation / On the Nature of the Child proposes to account for the genesis of the embryo. The hypothesis is put forward that the analogies used in both cases are “operative”. Anaximander compares the process of formation of the universe with a phenomenon observed in agricultural practices, namely the growth and shedding of bark, for example on apple trees. The analogy would not primarily concern the identity of the structures being compared, but the identity of operations or processes: the envelope of fire that surrounds the world develops like a bark around a tree, and the specific modality of its development explains why it takes on a spherical shape, whereas the tree's bark takes on a cylindrical shape. The plant analogy proposed by the author of the Hippocratic treatise to account for the development of the embryo would be of the same nature, because it only supposes an identity of process between two natures whose structures are very different (the tree and the embryo). The comparison between Anaximander and the Hippocratic treatise reveals the heuristic character of the plant analogy to unify the diversity of elementary processes involved in the functions of living beings and to affirm their universal character. |