Curieuses inscriptions du Cambodge ancien (Les)
Autor: | Bourdonneau, Eric |
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Jazyk: | francouzština |
Rok vydání: | 2020 |
Předmět: |
History
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Popis: | Près de mille cinq cents inscriptions, en grande majorité lapidaires, datées entre le ve et le xve siècle, composent aujourd’hui le corpus épigraphique du Cambodge ancien. Un tel corpus n’a donc rien d’insignifiant, mais il ne permet guère de parler d’un « habitus épigraphique » (epigraphic habit). À cet égard, comme à de nombreux autres, la pratique épigraphique dans le Cambodge ancien se situe dans une sorte d’entre‑deux. Le corpus présente une réelle unité – dans leur immense majorité, les inscriptions sont érigées dans les espaces des temples et donnent à lire les œuvres pieuses de leurs commanditaires – mais chaque inscription, ou presque, invente son propre formulaire. Au sein même des inscriptions, l’usage assez fréquent de combiner le sanskrit et le khmer est emblématique de leur caractère « hybride » souvent très prononcé – stances d’invocation et de dévotion, spéculations philosophiques, authentiques morceaux de littérature, règlements de charte royale, tout cela s’y retrouve aussi bien que des exposés très factuels et de longues listes de biens et de serviteurs ; cependant, loin d’une juxtaposition qui pourrait sembler artificielle, c’est l’articulation, parfois subtile, des différentes sections des inscriptions qui retient autant l’attention en conférant à ces dernières une cohérence d’ensemble. La singularité de la pratique épigraphique dans le Cambodge ancien a suscité une certaine perplexité au sein de l’historiographie. Le sentiment dominant a été celui d’une matière épigraphique finalement bien pauvre pour l’écriture de l’histoire du Cambodge ancien. Cet accueil réservé aux inscriptions n’a pas été sans conséquence, car elles sont là tout ce qui nous est parvenu (localement) comme sources écrites ; il explique pour une bonne part que la « discipline histoire » revêt pour cette période et cette partie du monde un statut encore bien incertain. Quelque peu à rebours de cette historiographie, c’est une vision plus équilibrée du corpus qui sera présentée ici. Graver une inscription dans le Cambodge ancien n’était jamais le simple prolongement de l’évènement qu’on se proposait alors de commémorer. C’était un « évènement » en soi qui accentuait ou créait même le caractère exceptionnel de ce qui était célébré, travaillant à sa « monumentalisation » au sein de l’espace du temple. Cette pratique épigraphique était un privilège qui, en tant que tel, est demeuré relativement rare. Mais précisément pour cette raison, parce que les inscriptions étaient de tels « évènements épigraphiques », elles donnent à découvrir, par les choix chaque fois spécifiques qui présidaient à leur élaboration, une diversité et une richesse d’information bien plus grandes que ne le laissent penser les dimensions du corpus. Nearly 1500 inscriptions, mostly lapidary, dated between the fifth century and the fifteenth century, make up the epigraphic corpus of ancient Cambodia. Such a corpus is, therefore, not insignificant, but it hardly allows us to speak of an "epigraphic habit". In this respect, as in many others, epigraphic practice in ancient Cambodia is in a kind of in‑between. The corpus has a real unity - the vast majority of the inscriptions are inside the temples which allows the patrons’ pious works to be read - but every inscription, or nearly every inscription, invents its own form. Even within the inscriptions, the quite regular habit of combining Sanskrit and Khmer is emblematic of their "hybrid" character, which is often very pronounced – stanzas of invocation and devotion, philosophical speculations, authentic pieces of literature, royal charters, all of these are found there as well as very factual presentations and long lists of goods and servants; however, far from a juxtaposition that might seem artificial, it is the sometimes subtle articulation of the different sections of the inscriptions that attracts attention as it gives them an overall coherence. The singularity of epigraphic practice in ancient Cambodia has given rise to some perplexity within historiography, which will also be revisited. The dominant feelings were that the epigraphic evidence was rather poor for writing the history of ancient Cambodia. These mixed feelings are not inconsequential since inscriptions are all that have been preserved (locally) as written sources; to a large extent they explain why the discipline of history during this period and in this part of the world still has a very uncertain status. Somewhat backward from this historiography, a more balanced vision of the corpus will be presented here. To engrave an inscription in ancient Cambodia was never a simple extension of the event, which one then proposed to commemorate. It was an "event" in itself that accentuated or even created the exceptional dimension of what was celebrated, working on its "monumentalisation" within the temple space. This epigraphic practice was a privilege which, as such, has remained relatively rare. But precisely for this reason, because the inscriptions were such "epigraphic events", they make it possible to discover, by the specific choices that governed their elaboration, a much greater diversity and richness of information than suggested by the size of the corpus. |
Databáze: | OpenAIRE |
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