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Peut-on décider de croire à la vérité d’une proposition, sans motifs, ou du moins sans motifs rationnels apparents ? Un tel acte d’adhésion peut-il procéder de la seule volonté, à l’exclusion de toute autre forme de détermination ? Ces questions sont récurrentes dans l’histoire de la philosophie. Elles ne sont pas étrangères, loin s’en faut, à la philosophie médiévale : les philosophes et théologiens d’alors, dans l’horizon de la réflexion sur le statut de la foi chrétienne, ont été amenés à examiner les modalités psychologiques de l’adhésion au dogme défendu par l’Église. Parmi ces théologiens, il en est un que l’historiographie a fréquemment présenté comme un partisan radical du volontarisme : Guillaume d’Ockham (1285-1347). Ce dernier étant, de surcroît, nominaliste, il était tentant de lier volontarisme et nominalisme, et de rapprocher le nominalisme des crises intellectuelles du Moyen Âge tardif. L’ambition de la présente étude est de reprendre à nouveaux frais cette question, en se focalisant d’abord sur un argument de Guillaume d’Ockham en faveur d’un fondement volontaire de la foi, et sa critique par le dominicain Robert Holcot († 1349). L’enjeu du débat semble davantage concerner la portée de la naturalisation des états mentaux défendue par la plupart des nominalistes. Face à cette alternative, les théologiens nominalistes postérieurs, de Pierre d’Ailly (1351-1420) à Jean Mair (1467-1550), vont chercher une voie moyenne entre volontarisme et naturalisme, et revenir à des positions plus classiques, refermant en quelque sorte cette parenthèse naturaliste. Pourtant, ce dont témoignent de façon symptomatique ces débats, c’est du renforcement de l’approche purement interne de la foi, de l’importance accordée à la conviction intime, à l’intention pure. À ce titre, ils accompagnent indubitablement les mutations de la religion chrétienne à la fin du Moyen Âge. |