Popis: |
Les années d’urbanisation dépourvue de réflexion environnementale associées aux récentes évolutions de paradigme de la conception urbaine ont rendu incontournable la reconstruction de la ville sur la ville dans le respect de son environnement. Toulouse ne fait pas exception à la règle puisque de nombreux projets de requalification urbaine sont en cours pour améliorer la qualité des quartiers existants. Le contexte opérationnel incite donc à l’évolution des pratiques, pourtant la qualité environnementale n’est pas encore bien définie dans le champ scientifique. Dans ce contexte de flou conceptuel, comment les acteurs du projet urbain traduisent-ils les enjeux environnementaux dans la conception des espaces publics ? C’est à cette question que tente de répondre cet article.Nous abordons la qualité environnementale urbaine comme la prise en compte de l’environnement dans l’aménagement pour améliorer le cadre de vie. Nous nous penchons sur le référentiel praxéologique des professionnels de l’urbanisme en charge de concevoir des projets urbains dans la métropole toulousaine et interrogeons l’émergence d’une normalisation de la qualité environnementale. Cet article s’appuie sur une enquête par entretiens réalisée de janvier 2015 à septembre 2016 auprès de professionnels de l’urbanisme qui travaillent sur le territoire de Toulouse Métropole.Nous constatons que Toulouse Métropole est un cadre institutionnel fortement contraignant pour les projets urbains. Les logiques institutionnelles dominantes, souvent à contre-courant des logiques environnementales, s’imposent aux projets urbains. L’arbitrage est en l’occurrence centralisé dans les mains des chefs de projet urbain. Pour ces derniers qui sont en majorité intéressés par les questions environnementales, la norme règlementaire crée alors paradoxalement un espace de liberté. Elle constitue leur unique recours pour avancer sur les réflexions environnementales dans ce contexte institutionnel défavorable. Il en résulte une qualité environnementale des espaces publics qui est certes pensée et conceptualisée, mais normée par la règlementation et la rationalité managériale des chefs de projet urbain. L’espace public n’est pas l’échelle prioritaire de conception de la qualité environnementale urbaine, contrairement au bâtiment et à la planification qui sont des échelles largement représentées dans la règlementation. La qualité d’usage de l’espace public n’est par conséquent pas abordée, dissociant de fait qualité environnementale et qualité d’usage. In French cities, recent changes in urban design and planning made it an essential task to rebuild the city on itself while respecting the environment. Now, cities have to meet applicable environmental standards. Toulouse is not an exception to this rule since many projects are developed to improve the quality of existing neighborhoods. Although it seems obvious today, the making of urban environmental quality is still a question because the concept is subject to competing alternate meanings in the scientific arena, as well as in operational planning. Against this background of conceptual vagueness, how do protagonists in urban projects introduce environmental issues into the design of public spaces?In this paper, environmental quality is defined as a key input for urban planning with the thought of improving the living environment. We refer to praxeological framework during interviews conducted between January 2015 and September 2016 with urban planning professionals in charge of designing urban projects in Toulouse Metropole, and question the emergence of a standardization process as regards environmental quality.This survey shows that Toulouse Metropole develops a highly restrictive institutional framework for managing urban projects. The dominant institutional logics, often runing counter to the current environmental approach, impose restrictions on urban projects. Arbitration decisions revolve in this case around project managers who demonstrated an increased interest on environmental issues. For them, regulatory standards create a paradoxical open space of freedom. They provide for a last-resort solution to address environmental issues within an adverse institutional context. All this results in an environmental quality of public spaces, the conceptualization and standardization of which derive from regulations and emerge from the managerial rationality of project managers. Public space is not the most appropriate scale for improving urban environmental quality, unlike building and planning, which are activities widely represented in regulatory frameworks. The quality of public space uses is therefore not addressed, de facto dissociating environmental quality and quality of use. |