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Cet article interroge les modalités de la « transformation numérique » des industries culturelles en faisant la lumière sur l’émergence, au sein des agences artistiques d’Hollywood, d’un nouveau domaine de spécialité autour des enjeux de l’internet et du numérique, au milieu des années 2000. Il analyse la dynamique de création de postes d’« agents numériques » au sein des plus grandes agences, montrant comment ces nouveaux spécialistes travaillent à définir le « talent numérique » et les bons contenus en ligne, mais également les bonnes formes de transactions les concernant, dans le processus même par lequel ils façonnent leur domaine d’expertise. On examine ensuite le processus de routinisation de ces activités au sein des agences. Deux principales catégories de spécialistes se différencient alors et s’inscrivent dans des cercles professionnels distincts : ceux dont le travail s’oriente vers les relations avec les services de vidéo en streaming, dont l’activité est rapidement rattachée au domaine de la télévision, et ceux qui représentent des « talents natifs du web ». À partir du milieu des années 2010, alors que les grandes agences multiplient les alliances avec des entreprises de la Tech et s’impliquent de manière croissante dans la création de contenus numériques, les agents numériques sont sommés de se réinventer, se plaçant à l’interface des activités de plus en plus diversifiées couvertes par les agences. This article explores the modalities of the “digital transformation” of cultural industries by shedding light on the emergence, within Hollywood talent agencies in the mid-2000s, of a new field of specialty focusing on internet and digital media. This paper first analyses the creation of “digital agent” positions within the largest agencies, showing how these new specialists work to define not only what “digital talent” and good online content are, but also how to conduct transactions relating to them, within the very process through which they shape their own field of expertise. Secondly, I show how these activities become routinized and institutionalized within the agencies. Two main categories of specialist are then differentiated and attached to distinct professional circles: those who primarily work to develop relationships with streaming video services, whose activity is quickly associated with the field of television, and those who represent “digital natives”. From the mid-2010s onwards, as the big agencies have multiplied their alliances with tech companies and become increasingly involved in the creation of digital content, digital agents have been forced to reinvent themselves, placing themselves at the interface of the increasingly diversified activities covered by the agencies. |