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King Richard II, pièce historique qui ouvre la seconde tétralogie de Shakespeare, est joué pour la première fois en 1595, par la troupe « The Chamberlain’s Men », sans doute dans le théâtre de James Burbage. Si la pièce a attiré de nombreux metteurs en scène britanniques depuis l’époque élisabéthaine jusqu’à nos jours, ce n’est qu’en 1947 qu’elle a été représentée en France sous la direction de Jean Vilar à Avignon - dans ces deux pays, cependant, les représentations de King Richard II se sont multipliées depuis. Les diverses études et entretiens de cet ouvrage permettent de jeter un éclairage sur les mises en scène anglaises et françaises de la seconde moitié du XXe siècle jusqu’à la production récente de Trevor Nunn à l’Old Vic Theatre, à Londres (2005). Riche d’une rhétorique étincelante, d’un langage qui n’en finit pas de se mettre en scène, de métaphores optiques dont la célèbre anamorphose de Bushy, King Richard II se prête particulièrement à des jeux de mises en perspective. Ainsi sont également étudiés les rapports complexes du pentamètre iambique originel et de la traduction en français, du texte et de la scène, du texte et de l’image, de la métaphore et de sa littéralisation visuelle, de la littérarité textuelle et de ses prolongements imaginaires. Mettant en regard articles, entretiens et table ronde, cet ouvrage propose d’aborder la pièce historique de Shakespeare sous l’angle double de la mise en scène et de la mise en perspective, avec les contributions de Jean-Michel Déprats, Paul Desveaux, Pascale Drouet, Michael Earley, Cécile Falcon, Carole Guidicelli, Wilhelmina L. Hotchkiss, François Laroque, Edouard Lekston, Marie-Madeleine Martinet, Nathalie Rivère de Caries, Estelle Rivier, Isabelle Schwartz-Gastine, Clotilde Thouret et Kate Wilkinson. « En somme, la mise en perspective est une occasion de réfléchir plus concrète et complète que ne le sont beaucoup d’autres. Et de ce fait elle est une épreuve, mais aussi bien un secours, que parfois l’on peut finir par comprendre, et accepter. – Car n’est-il pas vrai qu’il y a dans chacun de nous, serait-ce de façon très constamment refoulée, un désir de donner du sens et même de conférer de l’être au lieu où nous vivons et à celles ou ceux avec lesquels nous le partageons ? Et une occasion comme celle-ci, dessiner une perspective – soit directement, soit par le regard comme dans le cas d’un spectateur attentif –, n’est-ce pas l’offre qui nous est faite de redécouvrir ce désir refoulé dans nos profondeurs et de le ranimer dans l’image même ? Dans ce qui aurait pu n’être qu’une image, une forme encore de la chimère, mais devient maintenant une réflexion, une recherche que nous tentons de nous-mêmes, et déjà ce pacte avec l’Autre qui confère un être authentique à ce que nous sommes ensemble. » Yves Bonnefoy, postface (septembre 2004) à L’Arrière-pays. 1 – Yves Bonnefoy, L’Arrière-pays, Paris, Gallimard, 2003 pour L’Arrière-pays, 2005 pour la postface, p. 172-173. |