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La langue maternelle de l’élève était souvent exclue dans l’enseignement des langues vivantes en Russie au XVIIIe siècle. Peut-on en conclure que cet enseignement était « direct » ? Il l’était dans beaucoup de cas, mais plus souvent par nécessité (les enseignants ignoraient la langue maternelle des élèves) et non par choix méthodologique. L’attachement traditionnel à la traduction comme moyen d’apprentissage des langues faisait que l’enseignement s’écartait de cette méthode, sauf qu’au lieu d’utiliser la langue maternelle de l’élève, les enseignants utilisaient celle qui leur était connue (le plus souvent, en combinaison français/allemand). La méthode « naturelle » avait cependant ses défenseurs. L’un des fondateurs du Philantropin de Dessau, Christian Heinrich Wolke, qui a fait un séjour de plusieurs années en Russie, misait sur l’utilisation des images comme un moyen de rendre l’apprentissage plus naturel en évitant la traduction. L’un des manuels couramment utilisés en Russie au XVIIIe siècle, Orbis Pictus de Comenius, doté d’un grand nombre d’illustrations, était sans doute également utilisé dans une sorte de méthode directe. Il ne s’agit évidemment pas de la « méthode directe » telle qu’elle sera formulée dans la deuxième moitié du XIXe siècle, mais quelques aspects centraux avec lesquels cette future méthode sera associée (l’utilisation des images afin d’éviter le recours à la langue maternelle de l’élève et la priorité donnée à la communication en langue apprise), sont effectivement déjà présents dans la pratique de l’enseignement des langues vivantes dans la Russie du XVIIIe siècle. The native tongue of the pupil often was excluded from the classes of foreign languages in Russia in the eighteenth century. Can we conclude then that this teaching was ‘direct’? It was in many cases indeed, but most of the time out of necessity (the teachers did not have any knowledge of the native tongue of their pupils) and not by methodological choice. The tradition of using translation as a means of teaching a foreign language often made this method move away from a properly direct form, except that, in place of the native tongue of the Russian pupils, the teachers often used the second language known to them (mostly in the combination French/German). The ‘natural’ method still found its defensors. One of the founders of the Philantropinum in Dessau, Christian Heinrich Wolke, who stayed several years in Russia, insisted on the use of images as a way of making learning more natural by avoiding translation. One of the textbooks commonly used in Russia over the period was Orbis Pictus by Comenius, it included a great number of illustrations as well and was in all likelihood used in Russia as part of a sort of direct method. This is not the ‘direct method’ as it will be formulated in the second half of the nineteenth century for sure, however some central aspects of the future method (such as the use of images in order to avoid the native tongue of the pupil and the priority given to communication in the language learned) were indeed already present in the practice of teaching foreign languages in Russia in the eighteenth century. |