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Sur la base d’un processus d’imitation de la Cour impériale, les beys de Tunis procèdent dès le xviie au recrutement de médecins européens à leur service. Prisés, tant pour leur science que pour des raisons de prestige, ceux-ci cohabitent au départ avec les médecins traditionnels dont l’Amîn al Aṭibbâ, médecin en chef de la Régence, avant de les supplanter progressivement à la cour puis à la ville. Leur statut hybride de fonctionnaires étrangers, non-musulmans (chrétien ou juifs), sujets de puissances européennes et leur intimité avec les princes et la famille régnante les amènent à occuper une charge inconnue jusqu’alors dans leur corps : celle de consul d’une nation européenne. Les fonctions, assumées simultanément, leur confère puissance, distinction et influence les amenant à intervenir dans les affaires locales et bilatérales en mobilisant des ressources inaccessibles aux autres diplomates. Médecine, diplomatie, cultes et réseaux familiaux s’enchevêtrent pour engendrer de nouveaux espaces d’influence et de conquête. Based on a process imitating the Ottoman Imperial Court, the beys of Tunis began recruiting European doctors in their service from the 17th century. Prized both for their science and for considerations of prestige, they initially coexisted with traditional doctors among whom Amine al Atibba, the Regency’s chief physician, before gradually supplanting them at the court and then in the city. Their mixed status of foreign officials, non-Muslims (Christian or Jewish), subjects of European powers and their closeness to the princes and the ruling family led them to occupy an unprecedented position: that of consuls of a European nation. This position, along with their medical practice, conferred to them power, distinction, and influence, leading them to intervene in local and bilateral affairs by mobilizing resources that remained inaccessible to other diplomats. Medicine, diplomacy, cults, and family networks combined to generate new areas of influence and conquest. |