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Nous sommes dans une ère de mobilités et de contraction du territoire par la réduction des distances. Pourtant, les Français restent attachés à la carte égalitaire des services publics régaliens reposant sur la proximité, carte établie au moment de la Révolution française. Cet attachement a été nettement visible lors de la séquence de mobilisation dite des « Gilets jaunes » (hiver 2018-19). Comment expliquer ce fait ? Est-ce parce que le monde est si mobile et fluide que les citoyens ont besoin de repères tangibles ? Le texte se propose d’analyser comment les populations locales expriment leur colère pour défendre les services publics ou en revendiquer la présence. Ces stratégies d’attachement vont bien au-delà de la simple manifestation de colères d’usagers voyant se transformer leur rapport au service. Il s’agit plutôt de collectifs d’habitants qui considèrent que le départ du service est une atteinte à la communauté locale, une accentuation des disparités et des déséquilibres territoriaux. À partir d’un travail conduit dans des territoires ruraux de faible densité (moins de 30 hab. au km2) de la région Occitanie, l’article se propose d’interroger les formes de cet attachement et les opinions exprimées par les habitants pour essayer de comprendre comment le service public traduit aujourd’hui, dans les territoires ruraux les moins densément peuplés, un attachement affectif à un espace de vie, aux gens qui y vivent et à une identité. We are in an era of mobility and contraction of the territory by the reduction of distances. However, the French remained attached to the egalitarian map of the regalian public services based on proximity, a map drawn up at the time of the French Revolution. This attachment was clearly visible during the mobilization sequence called "yellow vests" (winter 2018-19). How to explain this fact? Is it because the world is so mobile and fluid that citizens need tangible landmarks? The text proposes to analyse how local populations express their anger in order to defend public services or claim their anger. These attachment strategies go well beyond the simple manifestation of anger of users seeing their relationship to service change. It is rather a group of inhabitants who consider that the departure of the service is an attack on the local community, accentuation of disparities and imbalances territorial. Based on a work carried out in rural territories with low density (under 30 inh/km2) of the Occitania region, the article sets out to question the forms of this attachment and the opinions expressed by the inhabitants to try to understand how the public service translates today, in the less densely populated rural areas, an emotional attachment to a living space, to the people who live there and to an identity. |