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Cet article développe une approche particulière des rapports entre recherche et pratique, approche dans laquelle la nature de la collaboration entre le chercheur et le praticien ne relève pas d’une contractualité statique, négociée en amont et relevant d’une catégorie préalablement identifiée, mais procède d’un « accomplissement pratique » et d’une action conjointe conduite en contexte. C’est par l’analyse des traces empiriques de cette action conjointe que nous proposons d’éclairer quelque peu les modalités de collaboration possibles entre chercheurs et praticiens, et plus particulièrement la manière dont les savoirs issus de l’expérience pratique viennent alimenter les démarches de recherche dans le champ de l’éducation. Pour ce faire, nous procédons en trois temps. Dans une première étape, nous rappelons les objectifs d’une démarche de recherche conduite récemment en Suisse dans le champ de la formation professionnelle initiale. Dans un deuxième temps, nous portons notre attention sur un « résidu non planifié de la recherche » consistant précisément en des formes situées de verbalisation de l’activité par les formateurs à l’attention du chercheur. Enfin, à partir de cet inventaire et de quelques illustrations empiriques, nous cherchons à clarifier le statut à la fois théorique et méthodologique de ces verbalisations, dans le but d’en cerner les potentialités heuristiques mais aussi les limites. When practitioners meet with researchers in the natural conditions of their ordinary activites, they often provide spontaneous comments in which they reflect on various dimensions of their professional practice. This paper proposes to explore the methodological potentialities and limitations of these verbal productions in order to illuminate the relations between research and practice in the context of vocational education. To do so, the paper refers to a research program currently conducted on teaching and learning within the Swiss dual VET system. Although this program focuses mainly on interactions between apprentices and various sorts of experts in vocational schools and training companies, it provides empirical evidence regarding the ways teachers or trainers interact with researchers during ordinary teaching or working activities. The paper proposes an empirical approach to these sequences of interaction and uses these data in order to illustrate the variety and complexity of vocational knowledge trainers are able to reflect on when making their actions accountable to researchers in such contexts. |