La zone dissimulée du non-consentement

Autor: Cadinot-Romerio, Sylvie
Jazyk: francouzština
Rok vydání: 2023
Předmět:
Popis: L’article porte sur la judiciarisation des violences sexuelles telle qu’elle apparaît dans trois romans qui en mettent au jour les défaillances à des échelles différentes : Se taire de Mazarine Pingeot (2019), Les choses humaines de Karine Tuil (2019) et La fille qu’on appelle de Tanguy Viel (2021). Il étudie d’abord par quels dispositifs les récits mettent en défaut la procédure judiciaire qu’ils racontent, notamment en montrant que la vérité qu’elle construit n’est pas conforme à la réalité que ces récits authentifient, et que cela tient à son régime véridictoire et à sa méthode de vérification. L’article étudie ensuite le monde judiciaire que les trois romans représentent de manière plus ou moins étendue, mais en l’inscrivant tous dans un univers social qui en fait ressortir les déficiences : sa porosité au pouvoir politique, l’insuffisance de son recueil des faits, et l’inefficience de sa catégorie des agressions sexuelles, aveugle aux formes que prend le non-consentement des femmes à l’usage masculin de leurs corps. Ces trois ouvrages exemplifient ainsi ce que peut la littérature vis-à-vis de la justice : éclairer ses angles morts et faire entendre des voix qui lui sont inaudibles. The article focuses on the judicialization of sexual violence as it appears in three novels that highlight its failings at different scales: Se taire by Mazarine Pingeot (2019), Les choses humaines by Karine Tuil (2019) and La fille qu’on appelle by Tanguy Viel (2021). It studies at first the mechanisms by which the narratives demonstrate the failure of the judicial procedure they describe, in particular by showing that the truth it constructs does not conform to the reality that they authenticate, and that this is due to its veridictory regime and to its method of verification. The article then studies the judicial world that the three novels represent, in a more or less extensive manner, but by inscribing it in a social universe in which the deficiencies stand out: its porosity to political power, the inadequacy of its collection of facts, and the inefficiency of its category of sexual assaults, which is blind to the forms that women’s non-consent to male use of their bodies takes. These three works thus exemplify what literature can do with regard to justice: to enlighten its blind spots and make voices heard that are inaudible to it.
Databáze: OpenAIRE