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L’article part du constat que les enjeux liés à l’accès à l’eau potable sont souvent déconnectés de ceux relatifs à la gouvernance des ressources en eau, tant dans les sphères académiques (notamment en sciences économiques et gestion) qu’au sein des institutions (ministères, bailleurs, ONG). Il vise à penser l’articulation entre ces enjeux de façon analytique, à partir de l’interprétation d’un « conflit de déconnexion » en Indonésie. Ce conflit reflète à la fois une déconnexion entre des qualifications et représentations des eaux non partagées par les acteurs (l’eau comme ressource, bien public, marchandise, droit, commun, etc.), ainsi qu’une déconnexion entre ressource et service du point de vue de la gouvernance et des règles de coordination. Partant de ce conflit, un cadre d’analyse de l’articulation est proposé à partir de quatre composantes : les modalités de coordination entre acteurs, les règles de coordination, les échelles et les dispositifs sociotechniques. La mise en évidence de qualifications plurielles de l’eau, sous-jacentes aux représentations et stratégies des acteurs, permet d’identifier les rapports de pouvoir au sein d’un territoire. Cette entrée transversale est considérée comme structurante dans notre grille. L’article fournit une perspective originale pour identifier les conditions du changement pour une gouvernance des eaux intégrant les enjeux de durabilité dans le Sud global. This article is based on the observation that issues relating to drinking water access are often disconnected from those relating to water resource governance, both in academic circles (particularly in economics and management) and within institutions (ministries, donors, NGOs). The aim of this paper is to analyse the relationship between these issues, based on the interpretation of a "conflict of disconnection" in Indonesia. This conflict reflects both a disconnection between representations and perceptions of water(s) that are not shared by actors (water as a resource, a public good, commodity, right, common, etc.), and a disconnection between resource and service from the point of view of governance and coordination rules. Based on this conflict, a framework for analyzing articulation is proposed based on four components : modes of coordination between actors, rules of coordination, scales and socio-technical devices. The identification of a plurality of qualifications and classifications of water, alongside underlying actors' representations and strategies, makes it possible to identify power relationships within a territory. This cross-cutting approach is seen as structuring our analysis. The article provides an original perspective for identifying the conditions of change for water governance that integrates sustainability issues in the global South. |