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La critique récente porte une vive attention au rapport entre littérature et scène politique (d’un point de vue thématique, sociologique ou éthique, pour ne citer que trois veines majeures). Dans ce contexte, cet article adopte une entrée narratologique, celle de la « relation narrative » dans les scènes de récit représentées au sein de la fiction, pour lire ensemble trois textes publiés au cours des trente dernières années : Les échappées (Lucie Taïeb, L’Ogre, 2019), Le port intérieur (Antoine Volodine, Minuit, 1995), et Une chose sérieuse (Gaëlle Obiégly, Verticales, 2019). À cette entrée narratologique s’ajoute une perspective générique, puisque ces trois romans relèvent du genre de la dystopie (quoique selon des modalités chaque fois différentes). Penser les pouvoirs politiques de la littérature à partir de ces trois romans permet ainsi, d’une part, d’affiner la distinction entre écritures engagées et écritures impliquées qui peine à rendre compte des multiples configurations du rapport de la littérature contemporaine au fait politique ; et d’autre part de mesurer les enjeux de la prise de parole littéraire tels qu’ils sont représentés dans la fiction elle-même. Quel rôle et quel rayonnement en dehors du livre, quelle efficacité éventuelle, quels risques et quelles limites face à une littérature qui se voudrait (que l’on voudrait ?) interventionniste, en prise directe sur le réel ? |
