Popis: |
Dans son célèbre roman Pars vite et reviens tard, Fred Vargas accorde une importance centrale à un signe qui, peint sur les portes, serait efficace contre la Peste : le chiffre quatre. Le succès du roman a popularisé la valeur talismanique prêtée à ce symbole, désormais abondamment relayée sur Internet. Or, si la peste a suscité de nombreux travaux d’historiens, la sémiologie déployée pour s’en prémunir a jusqu’à présent été peu étudiée, en raison de la méfiance qu’inspire généralement toute idée de valeur protectrice, voire magique, prêtée à certains signes. S’il est vrai que le sujet est encore trop souvent encombré par les spéculations ésotériques ou les nostalgies folklorisantes, il n’en demeure pas moins que les sources existent, qui permettent non seulement d’évaluer le degré d’historicité de la valeur prophylactique prêtée au chiffre quatre, mais, au-delà, de documenter tout un arsenal de signes religieux convoqués afin de protéger les foyers de l’épidémie : outre la croix, mentionnons le tau de saint Antoine, le Nom-de-Jésus, ou encore le Sacré-Cœur... Apposés aux portes, ces signes, dans leur diversité, reflètent une recherche d’efficacité réfléchie, dont ne rendent pas compte les notions de « superstition » ou de « croyance populaire ». Loin d’être le fruit de la naïveté ou de l’ignorance, de telles démarches relèvent de logiques qui, pour être différentes des nôtres, n’en conservent pas moins leur part de rationalité. |