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A partir du début des années trente, Picasso commence à expérimenter une sorte de sculpture exécutée en plâtre ou en argile, puis coulée dans le bronze, qui combine la matière moulée traditionnelle, réalisée avec les mains ou les spatules, avec la création de véritables empreintes produites par des matériaux ou objets. Ce type de sculpture ouvre le chapitre fondamental du rôle du moule et de l’empreinte dans des sculptures exécutées avec un seul matériau. La série de sculptures de Picasso avec des textures inhabituelles, réalisées dans les années trente et développées après la Seconde Guerre mondiale, est un chapitre fondamental dans l'exploration des processus de fabrication des oeuvres à la recherche des moyens alternatifs et radicaux pour la genèse des empreintes à modeler dans la matière. Après le rencontre avec Le Corbusier sur le chantier de l’Unité d'Habitation à Marseille, et entraîné par la fascination pour le béton brut, Picasso, depuis les années soixante, commence à explorer une technique qui prend en compte le matériau favori de Le Corbsuier, le béton. Dans ce contexte, Picasso commence une expérimentation sur la technique du béton gravé, conçu par Carl Nesjar, utilisée par lui pour réaliser quelques sculptures de Picasso, et consistant à graver la couche superficielle d’un oeuvre en béton pour faire ressortir les granulats spécialement sélectionnés pour obtenir des traits noirs. Avec l'achèvement de ces sculptures la question du moule change radicalement de sens. Le moule, typique de la technique sculpturale traditionnelle, mis à point à travers les siècles depuis le sculptures en terre cuite, plâtre ou en stuc, devient une boîte faite de planches de bois montées comme dans le cas du coffrage utilisé dans les ouvres d'architecture. La communication proposée vise à analyser la signification particulière donnée par Picasso au béton en essayant de la relier avec les phénomènes sociaux et historiques qui, dans le cas de l'Europe, sont doublement marqué à la fois par la vue des ruines des bombardements de la Seconde Guerre mondiale, avec les carcasses de bâtiments en béton armé visibles et exposées aux intempéries, et par les grands travaux de la reconstruction de l’après-guerre dans lesquels le béton armé est le matériau privilégié et mis en oeuvre selon les différents contextes de production et économique. |
