Popis: |
Dans la vallée du fleuve Sénégal, les familles pratiquaient une agriculture de décrue, le pastoralisme et la pêche. Ces activités ont été perturbées par la sècheresse mais surtout par la riziculture irriguée intensive dont la pression s'est accentuée depuis 2010 avec le Programme National d'Autosuffisance en riz (PNAR) transformant la plaine alluviale du waalo en casiers rizicoles. La valeur nutritionnelle du riz (riz blanc non traditionnel) est faible, mais comme seul le riz permet d'accéder aux facilités de culture et de vente, hommes et femmes sont contraints au travail dans les rizières et cette céréale est surconsommée. Or le riz blanc est carencé en fer, fibres et vitamines par rapport au sorgho comme le montrent les simulations nutritionnelles réalisées. L'enquête montre aussi que la gestion de la biodiversité agricole que réalisent les femmes dans la zone de Guédé (Département de Podor) représentative de la situation de la moyenne vallée du fleuve Sénégal est plus diverse et plus localisée que celle des hommes. Cette gestion féminine locale a toujours été indispensable aux équilibres alimentaires familiaux. Elle valorise et dynamise la biodiversité locale notamment le sorgho mais elle est hors marché comme le sont ces nouvelles parcelles maraichères irriguées qu'elle cultivent pour les besoins alimentaires familiaux et locaux. Cette invisibilité marchande entraine une mésestimation et une déconsidération du point de vue des " décideurs ". Malgré une malnutrition persistante avec des taux de malnutrition aigüe chez les enfants atteignant 20% dans cette zone, ces initiatives féminines ne sont pas soutenues jusqu'à présent ni par l'Etat ni par les bailleurs institutionnels et seules quelques initiatives d'ONG dont Enda Pronat y pourvoient. Ce que nous avons montré, en étudiant ce cas de façon participative, genrée et interdisciplinaire (transdisciplinaire), c'est que la culture et la nature (biologie et climat) interagissaient en permanence et que dans le tissage comme dans la permanence de ce lien étroit, les femmes, en leur cuisine surtout mais aussi au champ et dans les différents lieux de la sociabilité locale, étaient les maitresses d'oeuvre. |