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A La Réunion, depuis l'arrêt des activités pastorales, les savanes sont menacées par l'envahissement des ligneux exotiques, tels que L. leucocephala et V. farnesiana. Dans le cadre d'un projet de recherches pluridisciplinaires, une caractérisation de la végétation a été réalisée dans les savanes du Cap la Houssaye. Des relevés floristiques ont été faits sur 3 zones d'altitude différentes (zone haute à 253 m, zone intermédiaire à 185 m, zone basse à 26 m). La diversité alpha et beta ainsi que la structure de la végétation ont été reportées sur des transects de 100 m² le long de ce court gradient d'altitude. Ces relevés ont eu pour objectif de mieux caractériser la végétation au sein d'une bande altitudinale, communément appelée savane, et d'identifier des variations de la composition floristique et de la structure de ces végétations et les processus qui les affectent. En vue de la préparation d'une gestion par les feux et l'introduction de races locales de boeuf et de caprin, ce travail s'est intéressé à suivre l'effet du feu sur la végétation après deux brûlages dirigés consécutifs réalisés en 2016 et en 2017. Des relevés floristiques ont été réalisés à la suite de ces feux. La composition floristique et la hauteur des espèces ont été répertoriées ainsi que le nombre d'individus de ligneux. Enfin, en vue de promouvoir l'herbivorie et d'introduire des troupeaux dans ces milieux, la mesure de la qualité fourragère de 4 espèces végétales dominantes de la savane, 2 herbacées (Heteropogon contortus et Panicum maximum) et 2 ligneux, (Leucaena leucocephala et Vachellia farnesiana) a été faite par la méthode de spectrométrie dans le proche infrarouge (SPIR). Les résultats de cette étude pluridisciplinaire ont montré que la richesse spécifique est plus élevée au sein de la zone haute, avec un total de 30 espèces. Des différences de composition floristique (ou diversité β) ont été observées, notamment entre la zone basse et haute. Cette différence est principalement expliquée par un remplacement d'espèces entre les 2 zones, tandis que la dissimilarité observée entre la zone haute et la zone intermédiaire est liée à un enrichissement d'espèces. La végétation se structure différemment sur les 3 zones avec une dominance de la strate herbacée en zones basses et intermédiaire et une zone haute composée d'une strate ligneuse plus prononcée. Le feu a un effet positif sur la richesse spécifique ainsi que sur la composition floristique. A l'inverse, lors de périodes prolongées sans passage de feu efficace, ces résultats ne sont pas observés. Le nombre d'individus de L. leucocephala a fortement diminué dès le premier mois après le feu tandis qu'il n'y a pas eu d'effet considérable sur le nombre de V. farnesiana. Il serait ainsi nécessaire d'exercer une seconde pression sur ces ligneux envahissants telle que par la mise en place d'un pâturage. Troisièmement, la qualité fourragère des Fabaceae est meilleure que celle des Poaceae. Les Poaceae ont une teneur plus élevée en NDF (cellulose + lignine + hémicellulose) que les Fabaceae. Les Fabaceae sont plus riches en protéines brutes et ont une meilleure digestibilité que les Poaceae. Il n'a pas été observé au cours de ce suivi (mars à juin 2018) de variation évidente dans le temps de la qualité fourragère des 4 espèces dominantes. Les Poaceae seules, ne suffisent pas à couvrir les besoins d'entretien, en énergie et en protéines, d'une vache de race Moka ou d'une chèvre laitière locale. Cependant, en veillant lors du pâturage, à emmener les animaux où un fort recouvrement en Poaceae et en Fabaceae est observé, les besoins d'entretien de ces animaux peuvent être couverts au sein de la savane. Ces résultats vont permettre par la suite à la création du cheptel pour le pâturage et vont contribuer également au choix de la période et de la zone de pâturage. L'action combinée de feux dirigés et de l'herbivorie par un cheptel de races locales adaptées à ces milieux pourrait freiner l'envahissement par les espèces envahissantes de ligneux, en l'occurrence éliminer complètement les ligneux de ces zones ne permettrait pas une alimentation équilibrée au cheptel. |
