Popis: |
En Afrique, les agglomérations urbaines ont les taux de croissance les plus élevés du monde. Elles accueilleront 64 % de la population du continent en 2050 (Steel et al., 2017). Les villes s'étendent et font pression sur les espaces agricoles qui les entourent et qui, aussi, les alimentent. En conséquence, les espaces agricoles, souvent présentés comme des réserves foncières pour l'extension des villes, sont le lieu de forte compétition entre usages. Cette concurrence parfois aiguë pour l'accès à la terre conduit à de nouveaux rapports de force entre acteurs de l'agricole et acteurs de l'urbain. Dans des contextes de pluralité des droits sur la terre, se pose la question des moyens dont disposent les agriculteurs pour sécuriser leur accès aux facteurs de production et éviter leur dépossession foncière. Dans cette double perspective, l'analyse de l'incidence de l'avancée urbaine sur les usages des sols et sur la répartition des droits sur la terre est essentielle tant pour planifier les villes futures que pour sécuriser les droits à la terre des citoyens. Antananarivo, capitale de Madagascar constitue un cas d'étude du renouvellement des relations entre urbain et agricole dans une ville en extension rapide. L'agriculture y est au coeur du système urbain. Source d'aliments pour les urbains, elle représente une activité économique clé pour un tiers des ménages et joue un rôle majeur dans la protection de la ville contre les inondations. Mais elle évolue vite du fait d'une croissance démographique rapide, de l'arrivée massive de jeunes sur le marché de l'emploi, du renforcement des inégalités socio-économiques et d'une forte instabilité (politique, climatique, budgétaire) (Razafindrakoto et al., 2015). Pour analyser ces évolutions, la thèse s'inscrit dans une démarche de recherche-action pluridisciplinaire. Elle appréhende les recompositions plurielles du foncier agricole dans l'aire urbaine d'Antananarivo : recompositions spatiales, sociales et juridiques. Elle mobilise des concepts et méthodes issus de la géographie – discipline principale de la thèse - mais aussi de l'agronomie et de l'économie. Les analyses spatiales montrent que l'agriculture ne fait pas que disparaître face à la ville ; elle se maintient et se transforme au contact de l'urbain. Les analyses qualitatives et quantitatives reposant sur des entretiens auprès des ménages indiquent que les agriculteurs urbains détiennent encore des terres agricoles en 2017, mais sur de très petites surfaces et qu'ils sont soumis à une forte pression foncière. L'absence de mesures d'accompagnement à cette agriculture urbaine et le manque de reconnaissance des droits des ménages agricoles pourraient contribuer à une déprise rapide des activités agricoles avec des impacts notables pour la ville en termes d'approvisionnement alimentaire, de protection contre les inondations et de renforcement des inégalités socio-foncières. Ces résultats invitent à discuter des orientations futures de la planification urbaine et de la réforme foncière afin de tenir compte des enjeux agri-urbains. |