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Objectifs : décrire les caractéristiques épidémiologiques des plaies du globe prises en charge à Marseille et identifier les facteurs préopératoires pronostiques de la récupération visuelle. Créer un modèle d’intelligence artificielle capable de prédire la récupération visuelle finale.Méthodes : analyse rétrospective des dossiers médicaux de toutes les plaies transfixiantes du globe oculaire prises en charge par les CHU Timone et Nord de janvier 2015 à novembre 2021. Conception d’un modèle XGBoost d’apprentissage automatique prédictif de l’acuité visuelle finale à partir des caractéristiques initiales du patient et de sa plaie.Résultats : un total de 325 plaies a été analysé. L’incidence locale des plaies du globe était de 1,3/100 000 habitants par an. Le sex-ratio était de 2,25 et l’âge moyen de la cohorte de 47 ans. On remarquait que les femmes étaient en moyenne 20 ans plus âgées que les hommes. Les enfants représentaient 10% de la cohorte, avec un âge moyen de 6,3 ans. Un patient sur cinq avait un antécédent ophtalmologique médical ou chirurgical fragilisant le globe. 11% des traumatismes étaient déclarés comme accident du travail. La majorité des plaies étaient causées par un objet du quotidien, une chute ou lors de bricolage. Le délai moyen de consultation était de 29 heures, avec 36% des patients ayant consulté plus de 24 heures après l’accident. Les mécanismes de la plaie étaient principalement des pénétrations (53%), des ruptures (26%) et des corps étrangers intra-oculaires (20%). La majorité étaient des plaies antérieures (60% en zone I et 34% en zone II). La taille moyenne des plaies était de 8,58 mm. Les corps étrangers étaient principalement métalliques et localisés en segment postérieur. 45% de cataractes traumatiques, 42% d’hémorragies intravitréennes et 2% de décollements de rétine ont été constatés. Une issue de tissu intra-oculaire par la plaie était présente chez deux tiers des patients. Un patient sur cinq a présenté une hémorragie expulsive. Une plaie de paupière concomitante était retrouvée dans 11% des cas et une fracture de l’orbite dans 8%. On constatait que les plaies chez les femmes étaient en moyenne plus graves que celles chez les hommes ; il s’agissait principalement de rupture du globe survenant chez une femme âgée ayant chuté. Les patients ont eu en moyenne 1,55 chirurgies. L’évolution des acuités visuelles moyennes montrait une nette amélioration au cours du temps. A la fin de l’étude, un patient sur trois était sans perception lumineuse mais 47% avaient une acuité d’au moins 1/10ème et 32% une acuité d’au moins 5/10ème. La principale complication au cours du suivi était le décollement de rétine (17%) avec un délai moyen de première chirurgie de 29 jours. 3% des plaies se sont compliquées d’endophtalmie. Quatre facteurs étaient indépendamment associés à une acuité visuelle finale inférieure à 2 logMAR : l’âge supérieur à 60 ans (OR 4), la taille de la plaie supérieure à 10 mm (OR 7,2), l’issue de vitré par la plaie (OR 6,2) et l’issue de choroïde ou rétine (OR 4,8). Notre modèle d’apprentissage automatique (questionnaire OGIF) permettait de prédire l’acuité visuelle récupérable dans 84 cas sur 100.Conclusions : le traumatisme à globe ouvert est un grave problème de santé publique. Cette étude met en exergue une population particulièrement à risque, que sont les femmes de plus de 60 ans. Elle permet par ailleurs d’appréhender l’épidémiologie locale afin d’orienter les stratégies de prévention. Nos résultats encourageants concernant l’acuité visuelle finale confortent l’importance d’une prise en charge pro-active et intensive afin d’avoir le meilleur pronostic visuel possible. Trois facteurs apparaissent corrélés de façon indépendante à une mauvaise récupération visuelle : l’âge de plus de 60 ans, la taille de la plaie supérieure à 10 mm et l’issue de vitré, choroïde et/ou rétine par la plaie. Pour la première fois, nous proposons un modèle avancé d’apprentissage automatique, le questionnaire OGIF, pour évaluer le pronostic visuel final d’une plaie du globe en cinq catégories. |